Passation du conseil scientifique

Ce fut un moment d’échange important pour la continuité des activités du CS. Les membres sortants ou prolongeant pour un second mandat ont ainsi proposé un bilan de leur mandature, présenté les projets portés et les actions menées tout au long de leur mandat, un vaste tour d’horizon !

 

De leur côté, les nouveaux membres ont pu échanger avec les responsables des différents pôles de la FRB. L’occasion d’en apprendre davantage les missions, les activités et la dynamique FRB ainsi que sur le fonctionnement des différentes instances de la FRB : le Conseil d’orientation stratégique, le Conseil d’administration et l’Assemblée des parties prenantes.

 

Enfin, le nouveau Conseil scientifique a pu partager ses premières réflexions et formuler des avis sur le futur plan d’action, ainsi que sur les premiers sujets de réflexion envisagés pour 2026.

 

Un immense merci aux membres du CS qui arrivent au terme de leur mandat, pour leur engagement, la qualité de leurs contributions et leur rôle clé dans le rayonnement des enjeux de biodiversité portés par la Fondation : Cécile Albert, Adeline Barnaud, Aurélien Besnard, Philippe Billet, Sabrina Gaba, Hervé Jactel, Christophe Leboulanger et Juliette Young.
Nous sommes par ailleurs très heureux de poursuivre l’aventure avec Didier BAZILE, Valérie Boisvert, Thierry Bouvier, Elodie Chapuis, Joachim Claudet, Nils Ferrand, Line Le Gall, Jennifer Harris, Dominique Pelletier, Ophélie Ronce et Léa Tardieu.
Et nous souhaitons également la bienvenue aux nouveaux membres, avec qui nous ouvrons un nouveau cycle du CS, riche de perspectives et d’actions à venir : Frederic Abergel, Amélie Cantarel, Claude A. Garcia, Didier Gascuel, Laure Kloetzer, Diana Mangalagiu, Agnès Michelot et Maud Mouchet.

[Appel à candidatures] Nouvelle mandature du conseil scientifique de la FRB

Rôles et activités du conseil scientifique

 

Le Conseil scientifique :

  • Fournit un avis sur les grandes orientations et le programme d’action annuel de la FRB.
  • Assure une fonction de veille scientifique et constitue une force de proposition en ce qui concerne les thématiques, les enjeux de connaissances et les fronts de sciences dans le champ de la recherche sur la biodiversité.

 

Selon leurs expertises et disponibilités, ses membres :

  • Contribuent aux appels à projets et /ou aux projets pilotés par la FRB (par ex. rédaction, évaluation, comité de pilotage…).
  • Contribuent aux demandes d’informations des ministères (par ex. « biodiversité et démographie », « biodiversité et changement climatique »…) et aux saisines de la FRB (par ex. « prospective pour la recherche française sur la biodiversité », « intégrité écologique », « affichage environnemental »…). Il est appuyé par l’équipe de la FRB dans ces activités.

Ils agissent comme “tête de réseau” au sein de leurs communautés respectives. Ils assurent un lien avec d’autres instances scientifiques.

 

Le Conseil scientifique (CS) dialogue avec le Comité d’orientation stratégique (COS) de la FRB ainsi qu’avec l’Assemblée des parties prenantes (APP) et le Conseil d’administration (CA).

 

Le programme de travail du CS est complété par les sujets d’auto-saisine.

 

Le Conseil scientifique est pluridisciplinaire et composé de 20 membres français ou étrangers (francophones). Ses membres sont nommés intuitu personæ, reconnus pour leurs savoirs et compétences dans les domaines d’action de la FRB.

 

Plus d'informations sur la composition du CS

 

 

 

Pour candidater

 

Cet appel à candidatures est ouvert aux expert/es scientifiques issus de la recherche et de l’enseignement situé/es en France (métropolitaine et ultramarine) et francophones de pays limitrophes.

 

Compétences, expertises et disciplines complémentaires recherchées :

Compte-tenu du caractère systémique de la biodiversité et de la diversité des sciences, sont souhaitées des personnes ayant des compétences et expertises dans des domaines variés : fonctionnement des écosystèmes et dynamiques de la biodiversité​, socio-écosystèmes et gestion durable de la biodiversité…

Outre des compétences disciplinaires et thématiques, une attention sera portée aux candidat/es ayant un intérêt pour l’analyse : des dynamiques sociales et politiques en cours ; des interrelations entre plusieurs enjeux environnementaux (agriculture, eau, climat, biodiversité, santé…) ; des institutions environnementales à différentes échelles.

 

 

VOUS SOUHAITEZ REJOINDRE LE CS ?

1/ Renseigner le formulaire de candidature accessible ici.

2/ Envoyer un CV et une lettre de motivation aux adresses suivantes :
aurelie.delavaud@fondationbiodiversite.fr, cc violette.silve@fondationbiodiversite.fr

Les candidatures sont à transmettre avant le 29 août 2025 minuit CET.

Les modalités d’examens des candidatures sont précisés ci-dessous.

Piloter des projets participatifs

Bonjour Nils. Tu as souhaité parler de la “participation transformative “. Pourquoi est-ce important ?

 

La participation transformative est une approche qui vise à impliquer activement les citoyens et les parties prenantes dans les processus de changement social et écologique, en allant au-delà de la simple consultation, pour permettre une réelle co-construction des solutions, et aller vers leur mise en œuvre.

 

Aujourd’hui, l’enjeu fondamental est de voir comment la production scientifique peut engendrer des impacts concrets. Cela traverse les discussions menées au sein de l’Ipbes ou à la FRB et à travers le sujet de “changement transformateur” : comment les connaissances peuvent-elles contribuer à améliorer la qualité de vie et à la durabilité des écosystèmes ? Pour cela, en tant que scientifiques, il est crucial de réfléchir à la manière d’adapter nos pratiques et nos relations avec les autres acteurs pour mieux intégrer la science, la société et la politique. Cela signifie préserver la rigueur scientifique tout en augmentant le potentiel transformateur des connaissances, pour qu’elles puissent véritablement influencer et enrichir les décisions collectives ! Et il ne s’agit pas seulement de produire et transmettre “mieux” des connaissances – approche classique antérieure -, mais de s’engager dans un travail collaboratif différent avec les acteurs non scientifiques, et de construire et suivre ainsi ensemble des chemins de changement. Notre hypothèse de base est que la modélisation participative va amorcer des transformations en réponse aux besoins des acteurs.

 

 

 

 

Peux-tu nous définir ce qu’est la “participation transformative”, ses grands principes ?

 

La participation transformative repose sur plusieurs principes fondamentaux visant à engager efficacement les acteurs :

 

  • L’autonomie : l’objectif est de rendre les groupes d’acteurs capables de prendre des décisions en autonomie (se saisir des enjeux collectivement, les analyser, délibérer, planifier, s’engager et réguler), en réduisant les interventions externes ultérieures. Cela est essentiel pour gérer de manière adaptative les écosystèmes et les socio-écosystèmes dans lesquels ils sont impliqués, avec un coût réduit pour les politiques publiques.

 

  • L’inclusion sociale : une participation réussie nécessite l’inclusion de tous les acteurs concernés. Cela signifie s’assurer que chacun a la possibilité de contribuer et de faire entendre sa voix.

 

  • L’organisation collective : pour comprendre et gérer les systèmes complexes, une organisation structurée est indispensable. Cela inclut des processus de modélisation participative qui permettent aux acteurs de partager leurs visions, de définir ensemble leurs priorités et de délibérer sur des cadres normatifs partagés.

 

  • La construction de chemins partagés : les participants doivent pouvoir explorer des scénarios futurs de manière collaborative – par exemple par des jeux sérieux – puis coconstruire des plans d’action réalisables, engageants et efficients. Cette planification participative est rigoureuse et intégrative, pour engager un mouvement transformatif commun et adaptable.

 

Notre démarche s’appuie sur la création de dispositifs de participation, l’utilisation d’outils et méthodes accessibles, qui légitiment et mobilisent activement les acteurs. Au contraire de “l’acceptologie”, où les citoyens sont simplement invités à approuver des décisions déjà prises, nous défendons une approche où les acteurs s’impliquent, ensemble, dans la co-construction des solutions, la considération de futurs viables. L’élément clé n’est pas de produire un plan final, mais de créer un processus collectif qui aboutisse à une vision partagée et à des actions cohérentes.

 

 

 

 

Concrètement, comment se met en place la recherche transformative ? Comment réussissez vous, dans ton équipe, à faire travailler ensemble une grande diversité d’acteurs ?

 

Tout d’abord nous ne travaillons que dans et sur des projets de recherche intervention portés à la demande d’acteurs “de terrain” : élus, administrations, associations. L’existence d’un besoin, d’une demande est fondamentale, même si elle n’est pas initialement partagée par tous et toutes localement. Cela peut choquer certains collègues par cette dépendance assumée, mais elle est cruciale pour la mobilisation et la pertinence des travaux.

 

Nous sommes un groupe très interdisciplinaire, incluant des spécialistes de la modélisation — écologues, économistes, sociologues, et autres experts — pour élaborer des protocoles qui facilitent la coopération entre acteurs divers.

La méthode est très cadrée, elle repose sur quatre piliers : c’est pour mieux assurer un processus de collaboration et un espace de co-construction !

 

Les quatre piliers de l’approche
  • Ingénierie participative de la participation : Pour permettre aux acteurs de construire eux-mêmes leur chemin de participation décisionnelle, et le rendre légitime, nous utilisons la méthode PrePar (“Pré-Participation”). PrePar aide à définir précisément les rôles, les actions, et le pouvoir décisionnel des participants. Tout cela peut être formalisé dans un “contrat de participation” incluant un plan et une charte de participation.

 

  • Modélisation et simulation participative : La modélisation participative permet d’agréger les visions des acteurs, y compris les scientifiques, et de créer un cadre de référence commun sur leur système socio-écologique. Divers outils sont utilisés pour favoriser l’engagement, comme des jeux de rôle, désormais au sein des “jeux sérieux”. Depuis 2008, nous avons mis au point le kit Ini-Wag et sa méthodologie dérivée Créa-Wag qui permettent de créer rapidement des jeux de simulation pour discuter des enjeux territoriaux et des politiques publiques. Ces outils aident les participants à confronter leurs perspectives et à comprendre l’impact des actions et des politiques sur leur territoire.

 

  • Planification participative : l’objectif est de créer des plans d’action cohérents et efficaces qui intègrent les points de vue et intérêts des différents acteurs. Pour ce faire, les participants définissent d’abord un langage commun pour décrire les ressources nécessaires et les impacts. Ensuite, ils construisent un référentiel d’actions et génèrent un ensemble d’options stratégiques. Cela permet d’explorer les meilleures combinaisons d’actions tout en discutant des enjeux de faisabilité et d’efficience à différentes échelles.

 

  • Suivi et évaluation : pour évaluer les impacts multiples des actions et générer des connaissances scientifiques, nous avons conçu un cadre méthodologique nommé ENCORE. Mis en place depuis 2004, ENCORE permet de suivre le contexte, le processus, et ses impacts. Ce cadre incite les acteurs à réfléchir collectivement aux changements produits par le processus !

 

 

 

As-tu des cas pratiques à nous fournir où vous avez mis en place cette méthode ?

 

Notre méthodologie a été appliquée avec succès dans divers contextes à travers le monde. Voici deux exemples dans lesquels il est possible de retrouver les piliers précédents :

 

  • En Tunisie, dans le cadre d’un projet de gestion des ressources naturelles en milieu rural, nous avons conçu un système de comités de territoire garantissant une représentation équilibrée en termes de genre et d’âge, tout en distribuant le pouvoir pour une gouvernance inclusive. Soutenu par l’Agence Française de Développement, ce projet a mobilisé plus de 4 000 participants et environ 30 intervenants permanents, dans 6 gouvernorats, avec une généralisation en cours.

 

  • En 2019, nous avons travaillé sur la réforme des politiques de l’eau en Nouvelle-Calédonie. Cette initiative, menée en collaboration avec le Sénat coutumier et diverses communautés locales, a permis de redéfinir la répartition des pouvoirs dans la gestion de l’eau et de respecter les droits et besoins des populations autochtones en matière de gestion des ressources.

 

 

 

 

En somme, les approches de “participation transformative” ont démontré leur efficacité dans divers contextes ?

 

Oui, ancrée dans la modélisation participative et l’inclusion active des acteurs, les expérimentations de “participation transformative” ouvrent la voie à des transformations réelles et durables, adaptant la recherche scientifique aux besoins concrets des sociétés et des écosystèmes. En revanche, nous cherchons encore les chemins d’une généralisation et d’un impact à l’aune des défis actuels.

 

 

 

Vous souhaitez approfondir ces concepts et les exemples cités ? Vous pouvez consulter le livre Transformative Participation for Socio-Ecological Sustainability, accessible librement en ligne. 

 

Consulter le livre en ligne (ENG)

 

Hassenforder E., Ferrand N. (eds). Transformative Participation for Socio – Ecological Sustainability – Around the CoOPLAGE pathways. Editions Quae, 2024. 270 pages

 

De l’efficacité des aires marines protégées à l’identification des freins à leur mise en place

Face à cette urgence, un constat s’impose : il est impératif de protéger la biodiversité marine. Dans ce contexte, la création d’aires marines protégées (AMP) est devenue une priorité mondiale. Toutefois, leur efficacité à protéger durablement la biodiversité reste une question complexe, soulevant des interrogations sur leur mise en place, leurs statuts et leurs impacts réels. Embarquons ensemble pour un périple au fil de l’eau, à travers des articles scientifiques publiés récemment et issus, pour la plupart, de travaux permis par la FRB à travers son Cesab.

 

 

 

La pêche atteint les profondeurs mais la conservation marine reste superficielle

L’océan est un milieu tridimensionnel comportant une importante dimension verticale, la profondeur, qui structure des écosystèmes uniques et des usages humains spécifiques. Cependant, les outils de gestion et de conservation marine sont dominés par une représentation bidimensionnelle de l’océan, qui néglige cette stratification verticale. Si cette représentation réductionniste de l’océan était compatible avec des usages humains principalement côtiers, l’expansion de l’empreinte humaine vers la haute mer et l’océan profond nécessite une nouvelle approche prenant en compte cette complexité verticale. La prise en compte de la profondeur de l’océan est particulièrement importante étant donné les nouveaux objectifs des accords de Montréal-Kunming, notamment celui d’atteindre 30 % de couverture de protection marine d’ici 2030, ainsi que le récent traité international pour la gestion de la biodiversité en haute mer.

 

Dans ce contexte, des chercheurs du Criobe et de l’Université de Washington ont développé une nouvelle approche pour évaluer la distribution des impacts humains et des efforts de conservation à travers les trois dimensions de l’océan : latitude, longitude et profondeur. Pour ce faire, une typologie des principales unités écologiques à travers les profondeurs (Figure 1) est surimposée à une typologie bidimensionnelle des écorégions marines pour définir des écorégions tridimensionnelles.

 

Figure 1 : Profondeur atteinte par les activités de pèche par type d’engins. La profondeur des pictogrammes représentant chaque engin indique la profondeur maximale où ces engins opèrent.

 

À l’aide de cette nouvelle typologie, l’équipe a évalué la distribution tridimensionnelle mondiale des efforts de conservation et des activités de pêche, qui constituent aujourd’hui la principale pression humaine directe sur les écosystèmes marins. Les analyses s’appuient sur des bases de données publiques, telles que le Global Fishing Watch pour les activités de pêche, le World Database on Protected Area pour les efforts de conservation et le GEBCO pour les données bathymétriques.

 

Les résultats ont révélé que les différentes profondeurs de l’océan, qui correspondent à des écosystèmes uniques, bénéficient d’efforts de conservation très disparates. Alors que les écosystèmes les moins profonds (0 à 30 m) sont les mieux protégés, les écosystèmes plus profonds, notamment le mésophotique (30 à 150 m), le rariphotique (150 à 300 m) et les abysses (3500 à 6000 m), n’ont toujours par atteint l’objectif de 10 % de couverture de protection fixé par la Convention sur la diversité biologique (CDB) et qui aurait dû être atteint depuis 2020. Par contraste, l’empreinte 3D des activités de pêche s’étend à travers toutes les profondeurs, avec notamment 37 % des activités mondiales de pêche opérant dans l’océan profond, en-dessous de 300 m.

 

D’autre part, les résultats démontrent que les efforts de conservation sont disproportionnellement dirigés vers les aires où le moins d’activité de pêche ont lieu, un phénomène d’évitement dénommée ” conservation résiduelle “. Autrement dit, les aires les plus impactées par les pressions humaines demeurent le plus souvent sans protection. De plus, les aires marines de protection forte, où les régulations d’extraction sont strictes, et qui fournissent les bénéfices écologiques les plus importants, sont sous-représentées dans toutes les écorégions et à toutes les profondeurs, avec seulement 1,4 % de couverture à l’échelle mondiale.

 

Les faiblesses du réseau mondial d’aires marines protégées soulignées par cette étude appellent à une représentation plus holistique de l’océan, prenant en compte sa structure verticale et les processus complexes de connectivité reliant le pélagique au benthique. Améliorer la représentation écologique à toutes les profondeurs, augmenter la couverture de protection forte, et prioriser les zones les plus impactées par les usages humains doivent constituer la priorité des stratégies de conservation à l’échelle nationale et mondiale.

La Zone Atelier face à l’usage de pesticides avec Sabrina Gaba

Pourquoi as-tu choisi de nous présenter ce projet de la zone atelier en particulier ?  

 

J’ai choisi de présenter ce projet car il est relativement atypique dans sa conception et dans sa forme. Ce projet débuté en 2021 rassemble des partenaires issus du monde associatif, et un consortium de chercheurs en écologie, en écotoxicologie mais aussi en épidémiologie médicale, animale et végétale. Il aborde la santé du territoire, en l’occurrence ici celle d’un territoire rural dans le contexte actuel des enjeux d’alimentation, d’agriculture et de santé. Un des enjeux est la sortie de l’usage intensif des pesticides sans impacter la production agricole et la viabilité des exploitations et en préservant l’environnement et la biodiversité. 

 

Le plan Ecophyto et la loi Egalim ont été mis en place pour répondre à ces enjeux. Peux-tu nous en dire plus ?  

 

Le plan Ecophyto est né du Grenelle de l’environnement en 2007. A l’époque, il s’appelait plan Ecophyto 2018 et avait pour objectif de réduire de 50 % l’usage des pesticides entre 2008 et 2018. En termes de coûts, cela a représenté plusieurs milliards d’euros, dont 400 millions d’euros par an de fonds publics. Rétrospectivement, on s’aperçoit que malgré ces efforts, les ventes de pesticides sont restées globalement constantes ces 13 dernières années, avec 20% de ces ventes qui correspondent à des substances cancérigènes/mutagènes et ayant des conséquences sur la fertilité. Surtout, il existe une hétérogénéité très importante sur le territoire des ventes de ces molécules : nous ne sommes pas tous exposés aux mêmes molécules et aux mêmes quantités.   

La loi Egalim en 2017 avait également pour objectif de garantir une alimentation de qualité et un juste prix aux agriculteurs. La crise agricole actuelle met en évidence les limites de ces politiques publiques. 

Ventes de pesticides ces dernières années, en millions d'hectares par année
Ventes de pesticides ces dernières années, en millions d’hectares par année

 

Pourquoi les pesticides sont-ils si pointés du doigt ?  

 

Il y a, d’une part, les liens entre usages des pesticides et le déclin de la biodiversité (comme l’a établi, entre autres, l’étude phare sur les insectes Hallmann et al. 2017, qui documente une diminution de plus de 75 % de la biomasse des insectes des aires protégées d’Allemagne au cours des 27 dernières années). On retrouve également des pesticides ou des métabolites de ces molécules dans de nombreux compartiments de l’environnement y compris dans des sols de parcelles d’agriculture biologique qui n’ont pas été soumis à des pesticides depuis plusieurs années. D’autre part, les liens entre pesticides et santé humaine ont aussi été documentés. En 2021,l’expertise Inserm a révélé des liens entre des pathologies (lymphomes, cancers de prostate, maladie de Parkinson) et l’exposition aux pesticides des travailleurs agricoles.

 

Cela pose donc plusieurs enjeux : l’enjeu de réduction d’usage des pesticides, mais aussi celui de l’exposition aux pesticides et des impacts de ces expositions. L’exposition est complexe car il s’agit dans la plupart des cas d’une exposition chronique, à un cocktail de molécules, à des doses faibles et via de multiples sources d’exposition et sur de multiples organismes (humains, non-humains). Tout cela conduit à une nouvelle approche de la santé, ce qui a mené au projet Santé des Territoires de la ZA Plaine & Val de Sèvre que nous avons voulu inscrire dans le cadre EcoHealth.  

 

Quelle est l’ambition de ce projet ?  

 

Ce projet a pour double objectif de : (1) démontrer le rôle de la biodiversité pour la santé, et (2) de rendre le concept “une seule santé”* opérationnel plutôt qu’incantatoire. Il s’agit de comprendre comment la biodiversité, par des mécanismes qui lui sont propres (au niveau local via la bioaccumulation par exemple mais aussi à l’échelle du paysage) peut réduire notre exposition aux pesticides et l’impact que cela pourrait avoir sur notre santé.   

 

(*) Le cadre “une seule santé”, un concept apparu avec la question des zoonoses (notamment avec la maladie de Creutzfeld Jakob et de la vache folle) créant un lien très fort entre la médecine vétérinaire et la médecine humaine. Le choix de l’approche « Ecohealth » plutôt que « One health » met en avant le rôle de la biodiversité et celle des solidarités via les liens entre humains et nature. 

 

Comment étudier ce concept d’une seule santé en « pratique » dans un territoire ?  

 

La ZA Plaine & Val de Sèvre est un site agricole de 450 km² avec des paysages contrastés comprenant des zones de bocages, des zones de plaines céréalières intensives. Le territoire couvre 24 communes, 34 000 habitants, plus de 400 fermes et 24 établissements scolaires.  

Ce territoire est particulièrement intéressant d’un point de vue scientifique car il fait l’objet de suivis de long terme, depuis près de 30 ans maintenant. Des suivis de biodiversité depuis 1994, des pratiques agricoles depuis 2006, de consommation alimentaire depuis 2019 et sur la perception de la nature et de la santé chez les habitants des territoires depuis 2021. Des suivis d’usage des sols ont également été réalisé permettant de connaître la répartition de l‘agriculture biologique et des haies. Cette connaissance est utilisée pour mettre en place un « design spatial semi expérimental » 

 

La joie de vivre, Heni Matisse, huile sur toile, 1905-1906
La joie de vivre, Heni Matisse, huile sur toile, 1905-1906

 

Qu’est que ce design permet ? Quelles sont les méthodes d’étude de ce territoire ?  

 

Ce projet vise à comprendre comment les rôles de la biodiversité et des paysages sur l’exposition aux pesticides et son impact dans l’objectif de co-concevoir des solutions pour réduire exposition et impact. En absence d’une connaissance fine des usages de pesticides sur l’ensemble du territoire, nous utilisons l’agriculture biologique comme le pendant inverse de l’usage des pesticides – puisque cela n’est pas permis dans ce modèle agricole. Afin d’étudier les liens entre usage et exposition aux pesticides, nous sélectionnons des paysages et lieux de vie (communes) avec une proportion plus ou moins élevée d’agriculture biologique et un gradient de présence de haies car ces dernières représentent aussi une barrière à la dispersion de molécules ou des zones d’accumulation.   

 

Quelles actions ont-elles été menées depuis le lancement du projet? 

 

  • Plusieurs actions ont été menées. Tout d’abord auprès des habitants nous avons réalisé des prélèvements de sols, de biodiversité et de poussières afin de quantifier l’exposition aux pesticides. Nous avons également mis en place des interventions dans les écoles autour de l’alimentation, de la biodiversité et de l’environnement. Ces interventions sont pensées pour permettre aux enfants d’avoir une vision de plus en plus systémique des liens entre leurs actions, leur santé, celles des humains et des non-humains avec lesquels ils coexistent.   
  • Enfin, nous avons présenté le projet auprès des professionnels de santé sur le territoire (150) et réalisé une première enquête pour évaluer la connaissance au sein de la profession du concept d’une seule santé et de la mise en pratique de ce concept dans leur milieu.  

 

Je n’ai pas présenté de résultats car à ce stade nous ne sommes pas en mesure de le faire. Cette présentation avait pour objectif de partager avec vous une initiative de recherche à l’échelle d’un territoire, engageant des chercheurs, des non-académiques mais également les habitants d’un territoire dans un processus visant à comprendre comment améliorer la santé de ce territoire.  

 

 

 

 

 

 

 

Rapport IUCN : conflits et coexistence entre humains et faune sauvage avec Juliette Young

Qu’est-ce qu’un conflit et de quels conflits parle-t-on ?  

La définition vers laquelle nous avons convergé au sein du groupe UICN est qu’un conflit est souvent représenté par des frictions (« struggles ») qui apparaissent lorsque la présence ou le comportement de la faune sauvage constitue une menace réelle ou perçue, directe et récurrente, pour les intérêts ou les besoins de l’humain, entraînant des désaccords entre les groupes de personnes et des impacts négatifs sur les personnes et/ou la faune sauvage. Cette définition, d’apparence simple, a pris presque trois ans pour aboutir à sa version finale !  

 

Dans l’imaginaire collectif, le terme “conflit” est synonyme de dispute et donc a nécessairement un résultat négatif. Dans les cas présentés dans le guide, et dans mon expérience, les conflits peuvent être positif dans le sens où ils peuvent être des opportunités amenant à un dialogue, à des actions permettant de transformer une situation en situation moins négative ou d’autant plus positive.  

 

De même, les « objets » du conflit sont aussi souvent associés aux espèces charismatiques en premier lieu (lion, ours, loup, tigre…) alors qu’il s’agit très souvent d’autres espèces auxquelles on n’associe pas de « problèmes » mais qui peuvent aussi être à la base de conflits (corvidés, mustélidés, castors…).  

 

Pour aller plus loin | Quelques caractéristiques des conflits identifiées dans la définition

 

1/ Les interactions directes et récurrentes : les conflits résultent d’une forme de dommage ou menace, perçue ou réelle, causée par la faune sauvage. Toutefois, la mesure dans laquelle cette menace dépend réellement de la présence ou le comportement des animaux va varier considérablement.  

2/ Les conflits entre les humains et la faune sont presque toujours sous-tendus par des conflits sociaux entre les personnes au sujet de la gestion de la faune (exemple du loup en France). Les conflits sont utilisés comme un moyen d’exprimer autre chose n’ayant plus aucun rapport avec l’espèce en question, comme des notions de valeurs, de pouvoirs, de justice sociale, etc.  

3/ Les conflits ont tendance à concerner des espèces menacées et qui peuvent avoir un impact négatif (exemple en Ecosse, où le pygargue a été réintroduit après avoir disparu du territoire). Quand on a des conflits avec des espèces menacées : les enjeux vont être beaucoup plus importants et les solutions beaucoup plus complexes car il n’y a pas la possibilité d’éliminer légalement ces espèces, ce qui exacerbe les conflits sociaux.  

 

 
Le document que tu nous présentes prend la forme d’un guide avec des principes de gestion de conflits illustrés par des études de cas. Quels sont ces principes ?  

Ce document aborde en effet des grands principes auxquels on ne peut déroger dans la gestion de conflits entre humains et faune sauvage. En plus de ces principes, ce que j’affectionne particulièrement dans le guide, est la série de « guiding principles». Ces principes permettent à l’utilisateur de naviguer et de mettre en pratique ces principes. Je reviens sur chaque principe en insistant sur un point ou un exemple.  

 

1/ Ne pas nuire 

Une notion qui m’a particulièrement marquée est le concept de « positionalité », ou la manière dont l’identité d’un individu influence son interprétation du monde et la manière dont il est perçu par les autres. C’est essentiel d’en être conscient et d’être transparent avec cela ! 

 

2/ Comprendre les problèmes et le contexte 

Dans la plupart des conflits, on adopte une vision myope de la partie émergée de l’iceberg qui se restreint aux disputes et on néglige donc toute la partie immergée et sous-jacente aux conflits comme : les connaissances traditionnelles, les questions de valeurs et croyances, de culture ou d’histoire et d’expériences. En effet, si on n’a qu’une vue biaisée d’un acteur, on ne verra jamais le conflit dans son entièreté et cela risque d’avoir des impacts sur la façon dont on décide de gérer un conflit.  

  • Exemple : travail réalisé lors de la réintroduction des castors en Ecosse pour comprendre l’ensemble des attentes et idées des acteurs en lien avec cette réintroduction, en amont de la réintroduction. 
    Coz, Deborah M. and Juliette Claire Young. “Conflicts over wildlife conservation: Learning from the reintroduction of beavers in Scotland.” People and Nature (2020): n. pag. 

 

3/ Travailler ensemble  

Travailler avec les “parties prenantes”, c’est une base. C’est un challenge pratique et éthique à relever pour viser des résultats pour tous. C’est important pour comprendre la situation bien sûr, mais aussi pour que cette compréhension soit partagée, pour établir la confiance nécessaire, trouver des pistes innovantes de résolution – de surcroît pour et par les parties prenantes. 

  • Exemple en Italie dans le cadre d’un projet LIFE coordonné par Valeria Salvatori qui travaillait avec des acteurs du territoire : des éleveurs de brebis qui produisaient un fromage d’appellation protégée dont le cahier des charges voulait que les bêtes soient en liberté. Le retour du loup sur le territoire a entraîné des conflits avec la population locale qui n’était plus du tout habituée à la présence du loup.  
  • Pendant plus de 5 ans, des chercheurs on travaillé avec des acteurs du territoire pour identifier et mettre en place une douzaine d’actions très concrètes sur le territoire. Une grande partie du travail a porté sur l’instauration en amont d’une relation de confiance entre les différentes parties.  
  • Marino, et al., Broadening the toolset for stakeholder engagement to explore consensus over wolf management, Journal of Environmental Management, 2021  

 

Les espèces moins “charismatiques” sont aussi souvent à l’origine de conflits entre humains et faune sauvage.

 

4/ Intégrer la science et la politique  

L’intégration de différents types de connaissances peut contribuer à donner une meilleure image globale d’une situation de conflit et à mieux éclairer la prise de décision. 

  • Exemple en Ecosse : conflit entre deux espèces protégées : les phoques et les saumons. En 2003-2004, les gouvernement écossais a observé une chute importante du nombre de phoques et de saumons ce qui l’a amené à interdire toute chasse de phoque, face à quoi des pêcheurs ont mis en place une approche de gestion de conflit dans laquelle les connaissances des chercheurs et des acteurs locaux étaient intégrés, et où ils sont allés voir le gouvernement à la demande de paramètres au sein desquels ils pouvaient naviguer pour continuer leurs activités sans pour autant nuire aux populations de phoques.  

 

5/ Permettre des trajectoires durables  

Dans les situations de conflit, les différents acteurs ont souvent des points de vue différents sur ce qui constitue un conflit géré. Sans comprendre ces différentes perceptions, sans en discuter et sans parvenir à un accord, il est peu probable que les acteurs parviennent à un avenir souhaitable. 

  • Exemple en Bourgogne-Franche-Comté : identification d’une vision commune de l’agriculture durable au sein de la région. Des trajectoires durables ont été développées par des acteurs du territoire. Avec des solutions axées sur la communication entre agriculteurs et avec d’autres acteurs du territoire.  
    Young, Calla and Lecuyer. “Just and sustainable transformed agricultural landscapes: An analysis based on local food actors’ ideal visions of agriculture.” Agriculture, Ecosystems & Environment (2023): n. pag. 

[Appel à candidatures] Rejoignez le Conseil scientifique (CS) de la FRB

Le Conseil scientifique est un des organes de gouvernance de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).

 

Appuyé par l’équipe de la FRB, il :

 

Selon leurs expertises et disponibilités, ses membres :

  • contribuent aux appels à projets et/ou aux projets pilotés par la FRB (par ex. : rédaction, évaluation, comité de pilotage, etc.) ;
  • contribuent aux demandes d’informations des ministères (par ex. : « biodiversité et démographie », « biodiversité et changement climatique », etc.) et aux saisines de la FRB (par ex. : « prospective pour la recherche française sur la biodiversité », « intégrité écologique », « affichage environnemental », etc.) ;
  • proposent des sujets d’auto-saisine.

 

Ils agissent comme “tête de réseau” au sein de leurs communautés respectives et assurent un lien avec d’autres instances scientifiques.

 

VOUS SOUHAITEZ REJOINDRE LE CS ?

Transmettez-nous votre candidature avant le 9 mars 2024, minuit CET.

 

Merci de prendre connaissance des informations ci-dessous et du texte complet de l’appel, puis :

1/ Renseigner le formulaire de candidature accessible ici.

2/ Envoyer un CV et une lettre de motivation aux adresses suivantes :
aurelie.delavaud@fondationbiodiversite.fr, cc cecile.thiaucourt@fondationbiodiversite.fr

Les profils recherchés et modalités d’examens des candidatures sont précisés ci-dessous.

[actualité] Formation des agents de la fonction publique à la transition écologique – cahier des charges

Dans le cadre du programme de formation des fonctionnaires à la transition écologique, le Groupe d’appui et d’expertise scientifique a produit un cahier des charges pour structurer le contenu des formations autour des trois enjeux, changement climatique, érosion de la biodiversité, rareté des ressources naturelles.

 

Hélène Soubelet, directrice générale de la FRB, Luc Abbadie, membre du conseil scientifique de la FRB et Franck Courchamp, chercheur au CNRS, ont participé à son élaboration. Ce document vise à fournir un cadre de contenu à disposition des formateurs qui tiendront les conférences scientifiques. Pour chaque thématique sont présentés les enjeux, les concepts clés, les freins et les leviers pour l’action.

 

  • Les enjeux sont la description des dynamiques en cours, leurs ordres de grandeur, leurs origines anthropiques et leurs conséquences pour les sociétés humaines et les dynamiques planétaires.
  • Les concepts clés permettent de comprendre les mécanismes impliqués et d’identifier les actions de transition à mettre en oeuvre sur une base objective et rigoureuse.
  • Les freins et leviers sont les dispositifs socio-techniques existants ou envisageables pour réduire l’ampleur des crises planétaires et s’y adapter.

 

Les liens et interactions entre les 0trois enjeux sont majeurs, ainsi que leur territorialisation pour déclencher une action de nature à répondre aux trois crises imbriquées, sans aggraver l’une d’elles. L’objectif de changement transformateur est au cœur de cette mobilisation sans précédent des scientifiques pour alerter, former, éclairer les décideurs publics, afin de construire « un monde habitable pour tous, durable, et résilient au changement climatique qui va impliquer des changements fondamentaux dans le fonctionnement de la société, y compris des changements dans les valeurs sous-jacentes, les visions du monde, les idéologies, les structures sociales, les systèmes politiques et économiques, et les relations de pouvoir. ».

Modifions le cours de notre histoire commune avec la biodiversité

En 2017, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et son Conseil d’orientation stratégique composé de près de deux cents parties prenantes ont interrogé les candidats à l’élection présidentielle sur leur action en faveur de la biodiversité. En dépit des engagements forts de chacune et chacun, peu d’avancées ont été observées. Les rapports des scientifiques restent toujours aussi accablants.

 

En 2019 encore, l’Ipbes, le Giec de la biodiversité, alertait sur le déclin des espèces communes à savoir, les oiseaux, les insectes, les pollinisateurs, les amphibiens, qui sont au cœur du fonctionnement de nos écosystèmes. La plateforme internationale pointait du doigt l’accélération des extinctions d’espèces, la dégradation des écosystèmes et l’altération de leurs fonctions vitales associées, comme la régulation du climat, l’épuration des eaux et de l’air, la pollinisation, le contrôle des ravageurs et des épidémies, etc.

 

Ce déclin de la biodiversité qui se poursuit inlassablement menace d’”éroder les fondements mêmes de nos économies, de nos moyens de subsistance, de notre sécurité alimentaire, de la santé et de la qualité de vie” comme le rappelait alors le président de l’Ipbes, Robert Watson. La mise en garde de la recherche contre cette érosion n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’alerte sur l’actuelle pandémie qui avait pourtant été annoncée par les scientifiques depuis longtemps, mais qui avait été reçue dans une réelle indifférence sociale et politique, car non “pensable” en tant que réalité.   

 

Les origines de la perte de biodiversité sont aujourd’hui bien connues. L’Ipbes en a rappelé les cinq causes directes : les transformations des écosystèmes, l’exploitation des ressources naturelles, le changement climatique, les pollutions et les invasions biologiques. Mais peut-être plus important encore, l’Ipbes a aussi rappelé les causes indirectes liées aux facteurs économiques, sociaux, technologiques et de gouvernance des sociétés.

 

Pour lutter contre le déclin de la biodiversité, l’expertise scientifique internationale a souligné la pertinence de “changements transformateurs”, c’est-à-dire des changements qui repenseraient non seulement notre organisation économique, sociale et technique, mais aussi des paradigmes et des valeurs, telle que la croissance soutenue.

 

De si profonds changements sont-ils réellement possibles ? Notre société occidentale en a déjà vécu un : la révolution industrielle qui a bouleversé de fond en comble nos modes de production, de consommation et de vie. Celle-ci a été matériellement rendue possible grâce aux énergies fossiles, à l’accompagnement de la recherche et au développement de technologies qui ont facilité sa mise en œuvre.

 

Sans renier toutes les avancées exceptionnelles de cette révolution, et face aux limites environnementales et planétaires, il s’agit maintenant de faire en sorte que cet épisode de croissance économique soutenue, qui a été aussi accompagnée par une forte croissance démographique, se transforme. Cette transformation concerne les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de l’industrie… mais aussi de la consommation, de la vie en société en général. Des initiatives sont déjà en œuvre, telles que l’agroécologie, l’économie circulaire, la préservation des écosystèmes. De façon générale, il s’agit de donner plus de poids à la biodiversité dans toutes les décisions socio-économiques afin de promouvoir des socio-écosystèmes résilients assurant à la fois le bien-être des populations humaines et un bon état à la biodiversité.

 

De manière pragmatique, nous, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, composée d’acteurs publics, du monde économique et de la société civile, de chercheurs et chercheuses, de représentantes et représentants d’institutions académiques, vous invitons à vous saisir de cette notion de changements transformateurs et à venir en discuter avec nos experts académiques et non académiques.  

 

En cette veille d’élection présidentielle, il nous parait plus que jamais nécessaire que nos concitoyennes et concitoyens connaissent vos ambitions dans le domaine de la biodiversité. Nous avons compilé vos mesures et vous invitons à nous contacter afin de préciser vos engagements en faveur du vivant et de la recherche sur la biodiversité.

[Actualités et publications] La biodiversité au cœur des débats de la rentrée

 

Depuis plus de 10 ans, la FRB porte à connaissance ces enjeux et défis. Au travers de publications et d’événements, la Fondation soutient la recherche, initie les débats et vulgarise les résultats scientifiques pour accompagner les décideurs et acteurs dans leurs prises de décision.

 

Pour cette rentrée, la Fondation propose 3 nouvelles publications :

 

 

Les Fronts de sciences, un éclairage sur l’actualité de la recherche sur la biodiversité 

Chaque année, le Conseil scientifique de la FRB offre un aperçu d’enjeux émergents ou appelant à de nouvelles connaissances. Mise en lumière des évolutions de la recherche sur la biodiversité, cette édition des Fronts de science a notamment été influée par la pandémie que nous traversons. Processus à l’origine des zoonoses et de l’émergence des maladies infectieuses, érosion de la biodiversité des insectes ou encore sélection variétale à l’heure de la transition agricole et alimentaire, autant de thématiques à découvrir.

 

Consultez les Fronts de sciences

 

 

L’évolution darwinienne, la biodiversité et les humains 

L’évolution des êtres vivants est un processus omniprésent dans l’ensemble des écosystèmes et détermine l’organisation et la dynamique de la biodiversité. Comment les sociétés humaines exercent-elles des pressions de sélection sur les êtres vivants, sauvages ou domestiques, et influencent-elles l’évolution de la plupart des organismes de la planète ? La FRB propose un cahier sur ce thème, encore peu présent lorsque l’on parle de préservation.

 

Consultez la publication

 

 

Les loups rendent les routes plus sûres, ce qui génère d’importants bénéfices économiques pour la conservation des prédateurs

Une étude s’est intéressée aux effets de la restauration des populations de loups en évaluant leur influence sur les collisions entre les cerfs et les véhicules dans le Wisconsin. Pour un comté moyen, il s’avère que l’arrivée de ces prédateurs a réduit de 24 % ces collisions. Des résultats qui s’expliquent par un changement de comportement des proies et la diminution de leur abondance. Les auteurs concluent que la chasse est moins efficace que les loups pour réduire les collisions.

 

Consultez la synthèse

[Publications] Aires protégées : retrouvez les actes de la Journée FRB et la Note du CS sur la SNAP

Alors que la Startégie nationale pour les aires protégées (Snap) vient d’être publiée, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité vous propose de découvrir les actes de la Journée FRB 2020 sur la thématique « Les aires protégées peuvent-elles sauver la biodiversité au XXIe siècle ? ».

 

Cette journée a permis d’expliciter les bénéfices socio-économiques des aires protégées et constitué un espace de dialogue entre chercheurs, décideurs politiques et acteurs de la société. 

 

Sur le même sujet

Publication de la note sur la biodiversité du Conseil d’analyse économique (CAE) : lecture critique de l’économiste de la biodiversité Harold Levrel

L’économiste de la biodiversité Harold Levrel (AgroParisTech), membre du Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et co-auteur de l’Opinion D’une économie de la biodiversité à une économie de la conservation de la biodiversité, revient sur les points d’accord et de divergences qui le lie à la note du CAE et appelle à mettre la biodiversité au cœur du projet économique.

 

Découvrez l'interview

Publication de la note sur la biodiversité du Conseil d’analyse économique (CAE) – Interview d’Harold Levrel, économiste de la biodiversité

Vous avez publié il y a un mois une opinion intitulée D’une économie de la biodiversité à une économie de la conservation de la biodiversité sur le site de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Que vous inspire la publication du Conseil d’analyse économique1 (CAE) qui pour la première fois publie une note sur la biodiversité ?

 

Pour la communauté des économistes, c’est une réelle avancée car c’est le premier rapport du Conseil d’analyse économique (CAE) sur la thématique biodiversité. Par ailleurs, le diagnostic proposé est concret et les solutions proposées adaptées à la crise que subit le monde vivant. Notre pays qui héberge une biodiversité exceptionnelle à la fois en métropole et dans ses territoires et ses départements d’outre-mer a une responsabilité de premier plan.

 

 

Êtes-vous en accord avec les conclusions du Conseil d’analyse économique ?

 

Oui tout à fait. Le rapport fait le constat que la biodiversité s’effondre et s’interroge sur la raison pour laquelle on ne parvient pas à stopper cette érosion. Il pointe notamment du doigt les subventions dommageables à la biodiversité, qui sont aujourd’hui nombreuses. Le Conseil cite par exemple la fiscalité sur les terrains non bâtis qui encouragent les propriétaires à construire pour gagner de l’argent. Le Conseil souligne aussi le besoin majeur de renforcer la séquence “Éviter Réduire Compenser” (ERC). Il y a aujourd’hui trop de dérogations, trop de manquements à la loi sur ce sujet. Tant qu’il n’y a pas de sanction, les aménageurs ne chercheront pas à mettre en place des stratégies visant à réduire leur empreinte sur les écosystèmes naturels, à investir dans de l’ingénierie écologique pour réduire leurs impacts. Ils pointent aussi comme autre dysfonctionnement les mille feuilles réglementaires autour de la protection de la biodiversité qui posent des problèmes de gouvernance. Tout cela fait partie d’un constat partagé avec celui que nous faisons dans l’Opinion publiée sur le site de la FRB.

 

 

Quels sont vos points de divergence ?

 

La note du Conseil d’analyse économique souligne, à plusieurs reprises, que c’est le manque de prise en compte de la valeur économique de la biodiversité qui est une des origines du problème. Certes, il est évident que les bénéfices fournis par la biodiversité sont considérables, mais ils restent de nature collective et tous les travaux qui ont détaillé la nature et les montants de ces bénéfices depuis plus de 20 ans n’ont pas réussi à convaincre les entreprises d’investir dans la biodiversité. Prenons l’exemple des produits pharmaceutiques. Dans les années 1990, le discours était le suivant : c’est en investissant dans la préservation de la biodiversité sauvage – notamment dans les pays du Sud – que l’on réussira à trouver de nouveaux médicaments dont le secteur pharmaceutique pourra tirer des bénéfices. 30 ans plus tard, on constate que le coût de la recherche sur ces dîtes molécules naturelles est trop élevé. La R&D pharmaceutique a totalement réinvesti ses recherches dans la chimie. Un autre secteur où l’on constate un net recul de l’utilisation des ressources naturelles, c’est le textile. On est passé de 41 % de la production mondiale en 2008 à moins de 30 % en 2018. La note du Conseil souligne ce manque d’investissement des entreprises, mais elle ne propose pas pour autant un changement d’approche – dans le champ de l’économie de la biodiversité – sur le sujet. C’est notre constat de départ dans la note d’opinion de la FRB : la biodiversité s’avère moins utile ou moins rentable que prévue pour le monde de l’entreprise, tout du moins à court-terme, c’est-à-dire l’échelle de temps à laquelle raisonnent les entreprises.

 

 

Que faudrait-il faire alors, selon vous, pour que le secteur économique prenne en compte efficacement la biodiversité ?

 

Nous pensons qu’il faut mettre la biodiversité au cœur du projet économique. En reconnaissant la nature comme composée d’entités que l’on veut maintenir pour elles-mêmes et non pas pour ce qu’elles valent économiquement. La nature n’a pas besoin d’être pensée comme un capital ou un actif, mais comme une entité qui bénéficie de droits à être préservée. Cela ne veut pas dire qu’on personnifie la nature mais plutôt qu’on lui reconnait des droits à être réparée lorsqu’elle subit des dommages, des préjudices écologiques issus d’activités humaines. Ce droit existe cependant déjà. Cette année, dans les calanques par exemple, des braconniers ont été sanctionnés au titre du préjudice écologique et ont dû payer le coût nécessaire pour réparer ce qu’ils avaient pris à la nature. Mais il faut admettre que ce type de décision est encore très rares et, malheureusement, les délits environnementaux sont ceux pour lesquels on constate le plus faible taux de sanction, sous prétexte que l’on aurait recours à une “écologie punitive”. Il nous semble, de notre côté, qu’il s’agit surtout de respecter un principe de responsabilité et de réciprocité vis-à-vis d’une nature qui nous donne tout mais à qui on ne restitue jamais rien.

 

 

Comment ce droit pourrait-il se traduire d’un point de vue économique ?

 

La nature ne doit plus être évaluée sur la base d’équivalence en valeurs économiques, mais sur celle d’équivalence en valeurs écologiques. D’un point de vue comptable, la nature n’est plus un actif que l’on fait entrer dans les comptes des entreprises, des administrations ou des ménages, mais une entité à part avec laquelle on effectue des transactions et pour laquelle on crée des comptes spécifiques de créances et de dettes. Si une entreprise utilise – ou détruit – des populations animales sauvages pour sa production, elle va générer une dette vis-à-vis de la nature. Il faut que dans ses comptes, cette dette apparaisse et que dans les comptes de la nature, on puisse rendre visible la créance dont elle bénéficie. Le remboursement peut se faire alors par la restauration écologique ou par tout investissement de l’entreprise qui permette à la biodiversité de se régénérer (si on est dans une situation où la nature peut se régénérer). Tout cela peut aussi être créateur de nouveaux emplois et de croissance, comme cela a été observé à chaque fois que l’État a décidé d’investir dans la protection de biens publics – comme les monuments historiques ou encore l’approvisionnement en eau – ou de réguler des marchés qui détruisait ces biens publics.

 

 

Vous donnez en somme à la nature des droits pour se défendre…

 

Oui, car ce qu’omet le Conseil dans sa note, c’est la puissance des lobbies dans les négociations où la conservation de la biodiversité est en jeu. Or il est important de rappeler que les transitions écologiques des secteurs économiques sont le fruit de négociations où les défenseurs de la nature ne pèsent pas, ou très peu. Les arguments autour de la création d’emplois, de la croissance, de la crise que connaît un secteur, etc. sont toujours ceux qui vont peser le plus. À l’échelle des territoires, ils sont portés par les secteurs économiques et défendus par les préfets et les élus locaux. Au sein des multinationales par les directions financières ou des ressources humaines. De l’autre côté, qui défend la nature ? Le ministre de l’environnement, les associations, certaines administrations déconcentrées pour les territoires, les directions de l’environnement ou du développement durable pour les multinationales. Mais au fond, soyons clair, ces acteurs pèsent peu dans ces négociations. C’est pourquoi une approche par le droit de la biodiversité à être véritablement représentée et défendue lors des négociations qui s’opèrent à différentes échelles territoriales et organisationnelles pourraient faire évoluer les choses en matière de transition écologique de notre système économique.

 

 

La recherche économique sur la biodiversité peut-elle contribuer à cette transition écologique ?

 

Au niveau des instituts de recherche et des universités, nous avons besoin d’économistes qui connaissent mieux l’écologie scientifique et les modèles qui y sont associées, comme le propose en partie l’économie écologique. Par ailleurs, de nombreuses innovations, facilitant l’analyse des conditions d’une transition écologique de l’économie, peuvent être attendues en matière de comptabilité, d’ingénierie technico-économique, de planification territoriale et sectorielle, d’économie du droit, etc. Du point de vue de la R&D, il y a aussi la nécessité de renforcer les compétences au sein de nombreux secteurs économiques. Il est par exemple aujourd’hui compliqué d’accompagner un agriculteur dans une transition écologique qui nécessite de changer la structure de son exploitation, à utiliser des solutions fondées sur la nature et à utiliser de l’ingénierie écologique pour maintenir des rendements importants tout en renonçant aux pesticides ou à certains outils mécaniques. Il y a aussi un besoin d’économistes en mesure de travailler à la fois sur des modèles standards de business model, mais aussi capable d’évaluer les coûts et des méthodes associées à certaines réglementations environnementales pour réduire les risques de contentieux et proposer des solutions opérationnelles.

 

 

Le plan de relance proposé par le gouvernement vous parait-il prendre suffisamment en compte la biodiversité ?

 

100 milliards d’euros sont annoncés pour relancer l’économie française dont 30 milliards pour la transition écologique. C’est bien, mais le problème est que cette transition écologique est avant tout énergétique. 11 milliards sont investis dans les transports, 9 milliards dans l’industrie énergétique, 7,5 pour le bâtiment et le logement, et quasi rien pour la biodiversité. Par ailleurs, ce que l’on constate depuis 20 ans, c’est une baisse des investissements privés en matière de protection de la biodiversité, comme le souligne la note du Conseil d’analyses économique d’ailleurs. L’État a donc un rôle majeur à jouer. Un vrai plan de relance écologique pourrait être un plan de relance fondé sur des espaces de restauration naturelle comme pour les forêts ou les prairies. L’avantage lorsque qu’on a des logiques d’investissement dans la biodiversité, c’est d’en voir très vite les effets. Il suffit de restaurer une zone humide ou de mettre en réserve intégrale un écosystème marin pour tout de suite voir des résultats. C’est très concret. Et pour conclure sur une note économique : les emplois qui accompagneraient ces investissements sont non délocalisables et les personnes qui vivent à proximité de ces espaces peuvent bénéficier de plein d’opportunités associées à cette nouvelle biodiversité…

 

1. Le Conseil d’analyse économique réalise, en toute indépendance, des analyses économiques pour le gouvernement et les rend publiques. Il examine les questions qui lui sont soumises par le Premier ministre et par le ministre chargé de l’économie et peut procéder de sa propre initiative à l’analyse prospective de questions économiques qu’il estime pertinentes pour la conduite de la politique économique du pays. Il est composé d’économistes universitaires et de chercheurs reconnus.

[Traduction de la synthèse] Mobilisation de la FRB par les pouvoirs publics français sur les liens entre Covid-19 et biodiversité

Les ministères concernés et les organismes de recherche membres de l’alliance AllEnvi, ont confié à la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et à son Conseil scientifique, élargi à des experts extérieurs, le soin d’apporter les éclairages de la communauté des sciences de la biodiversité sur la question des relations entre zoonose et état et dynamique de la biodiversité et des services écosystémiques.

Afin de diffuser cette synthèse à un public non francophone, une version en anglais est désormais disponible.

 

 

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[Opinion] D’une économie de la biodiversité à une économie de la conservation de la biodiversité

Pour bâtir un monde plus durable et socialement plus juste, la Commission européenne et le Sénat ont appelé à intégrer la préservation de la biodiversité comme un des objectifs qui doit être visés par les secteurs économiques. Or comme le souligne cette opinion coordonnée par l’économiste Harold Levrel, pour être réellement efficace, cette démarche nécessite une véritable révolution copernicienne des stratégies qui sont associées à cet objectif.

 

 

En savoir plus
 

D’une économie de la biodiversité à une économie de la conservation de la biodiversité

Or comme le souligne une opinion coordonnée par l’économiste Harold Levrel D’une économie de la biodiversité à une économie de la conservation de la biodiversité, pour être réellement efficace, cette démarche nécessite une véritable révolution copernicienne des stratégies qui sont associées à cet objectif. L’Opinion invite nos dirigeants à passer d’une « économie de la biodiversité » à un « projet économique de conservation de la biodiversité ». Pour cela, les objectifs de conservation de la biodiversité, tels qu’ils sont mentionnés dans les textes légaux, doivent être envisagés comme le point de départ des réflexions en matière de transition écologique des secteurs économiques, ce qui nécessite une certaine refonte des outils de régulation et d’évaluation économique. Comme l’avait déjà affirmé l’Ipbes dans son évaluation mondiale de la biodiversité, revisiter l’économie et ses fondements est la condition nécessaire pour entrer dans « le monde d’après ».

 

L’opinion est disponible dans les ressources téléchargeables ci-dessous. 

Mobilisation de la FRB par les pouvoirs publics français sur les liens entre Covid-19 et biodiversité

La crise sanitaire, économique et sociale associée à la pandémie Covid-19 soulève de nombreuses questions sur son origine, sa dynamique et les mécanismes qui l’expliquent. Confrontées à la multiplicité des opinions et avis, relatifs notamment aux liens entre Covid-19 et crise de la biodiversité, les ministères se sont tournées vers la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et son Conseil scientifique élargi à des experts extérieurs, en vue d’obtenir leur éclairage sur les points principaux suivants :

 

  • Quels sont les liens de la crise sanitaire actuelle avec la faune sauvage : quel rôle un ou plusieurs éléments de la faune sauvage ont-ils joué dans l’initiation de la pandémie ?
  • Quels sont les liens de ce type de crise avec l’érosion de la biodiversité et la destruction des milieux naturels : peut-on mettre en parallèle les atteintes à la biodiversité et la multiplication de zoonoses, sources d’épidémies, voire de pandémies ?
  • Quels sont les liens de ce type de crise avec les systèmes de production alimentaire et les transports (humains, animaux d’élevage, produits agricoles) ? Certains systèmes de production agricoles et alimentaires peuvent-ils faciliter directement, ou indirectement, le passage d’une zoonose à une épidémie puis à une pandémie, en tenant compte aussi de la rapidité et de l’intensité des transports internationaux ?

 

 

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[Covid-19 et biodiversité] Mobilisation de la FRB par les pouvoirs publics français sur les liens entre Covid-19 et biodiversité

La crise sanitaire, économique et sociale associée à la pandémie Covid-19 soulève de nombreuses questions sur son origine, sa dynamique et les mécanismes qui l’expliquent. Elle pose aussi la question des éventuelles crises futures, de l’implication des enjeux environnementaux dans ce type de phénomènes et des conditions qui auraient permis, sinon de l’empêcher, du moins de mieux l’anticiper et d’en réduire les conséquences, pour mieux se prémunir lors d’une prochaine crise similaire.

 

 

Les ministères concernés et les organismes de recherche membres de l’alliance AllEnvi, ont confié à la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et à son Conseil scientifique, élargi à des experts extérieurs, le soin d’apporter les éclairages de la communauté des sciences de la biodiversité sur la question des relations entre zoonose et état et dynamique de la biodiversité et des services écosystémiques.

 

 

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[Covid-19 et biodiversité] La FRB et son Conseil scientifique s’expriment

Quels liens entre érosion de la biodiversité et émergence de zoonoses et risques de pandémies ? Comment refonder les interactions entre les populations humaines et la biodiversité ? Quels leviers d’action pour les décideurs ? Vers une nouvelle cohabitation entre les humains et l’ensemble des non-humains ? 

Autant de questions sur lesquelles la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et son Conseil scientifique ont souhaité apporter leurs regards. Ils souhaitent ainsi rappeler que la recherche sur la biodiversité est plus que jamais nécessaire et appeler les décideurs à mieux intégrer la biodiversité dans les stratégies sanitaires, économiques et d’aménagement du territoires attendus dans la période post-crise.

 

 

Consultez la Note

Le CS vous recommande

Connaître et comprendre pour mieux préserver… en s’inscrivant dans l’adage, le Conseil scientifique de la FRB partage avec vous sa bibliothèque idéale, sa vidéothèque éclectique et choisie.

Les références, accessibles et portées par des spécialistes de leurs domaines, ouvrent la porte aux principaux concepts de l’écologie et de ses différentes disciplines. Elles permettent aussi de tendre l’oreille vers les débats contemporains en ayant des clés de compréhension et d’appréhension critique. Dans certains cas, elles lèvent le voile sur le métier de chercheur !

 

Que vous vous intéressiez à la biodiversité, découvriez l’écologie scientifique ou souhaitiez approfondir vos connaissances ; que vous disposiez de deux minutes ou d’une année : il y a forcément les références qui vous conviennent !

[Veille scientifique] Biomimétisme et biodiversité

Afin de comprendre les enjeux et les risques de cette approche relativement récente de l’exploitation du monde vivant, la FRB a été missionnée par le ministère de la transition écologique et solidaire pour réaliser une veille scientifique et identifier ainsi les menaces et opportunités actuelles du biomimétisme pour la biodiversité. Le rapport issu de ce travail de veille ainsi qu’un résumé sont disponibles dans la rubrique “lire le rapport“. 

[Publication] Le Conseil scientifique de la FRB publie ses Fronts de sciences 2019

En 2019, le Conseil scientifique (CS) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) renouvelle l’exercice de mettre en lumière certaines des évolutions de la recherche sur la biodiversité, offrant ainsi un aperçu de plusieurs actualités scientifiques et des défis auxquels la recherche fait face.

 

En 2019, six fronts de sciences en plein développement :
1/ Sciences participatives et conservation de la biodiversité : structuration, pratiques, effets
2/ Satellites, mégadonnées et biodiversité marine : vers une quantification de la pression de pêche
3/ Prédire et modéliser la dynamique de la biosphère à larges échelles
4/ Microbiotes, holobiontes et réseaux microbiens : la revanche d’une biodiversité invisible
5/ Invasions biologiques et biodiversité : prévenir et guérir
6/ Impact des organismes et des écosystèmes sur le climat : comprendre et prédire

 

Découvrez la publication complète ci-dessous :

[Tribune] Une priorité nationale

En quelques jours, début mai 2019, quelque chose a changé dans le paysage médiatique et politique.

La biodiversité, sujet de préoccupation des seuls scientifiques, des naturalistes et de quelques directeurs environnement de trop rares entreprises, est devenue une priorité nationale. Merci à l’Ipbes, le Giec de la biodiversité, d’avoir su, par son alerte massive et dûment étayée par les messages que la science, notamment française, portait depuis des années, casser ce plafond de verre que nous, les professionnels de la question, ne parvenions pas même à atteindre, et faire rentrer la biodiversité jusqu’aux salons de l’Élysée.

 

L’Ipbes l’a expliqué, la biodiversité et les écosystèmes vont très mal, les populations de multiples espèces diminuent, et pas seulement dans les pays lointains, mais aussi devant notre porte. Les espèces disparaissent à un rythme croissant sous les effets des multiples pressions que les humains, qui sont eux de plus en plus nombreux et qui consomment de plus en plus, exercent sur la vie terrestre. L’empreinte écologique de l’Europe et de la France dépasse très largement les capacités de nos pays, et nous vivons à crédit au détriment de la biodiversité du reste de la planète.

 

(…)

 

  • Pour lire l’intégralité de la Tribune, rendez-vous sur le site de l’Humanité.

 

Signataires : Jean-François Silvain, Hélène Soubelet, président et directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), et les membres du Conseil scientifique de la FRB : François Sarrazin, Sébastien Barot, Cécile Albert, Isabelle Arpin, Anne Charmantier, Nicolas Gaidet-Drapier, Philippe Grandcolas, Jean-François Guégan, Philippe Gros, Hervé Jactel, Line Le Gall, Harold Levrel, Jean-Louis Morel, Jean-Louis Pham, Éric Thybaud…

Dialogue du conseil scientifique – La FRB dans le paysage de la recherche française sur la biodiversité

En une décennie, la FRB a su prendre en France une place centrale dans le paysage des sciences de la biodiversité, à l’interface entre les grandes institutions en charge de ces recherches et les parties prenantes de la société. Malgré toutes ses actions et réussites, les défis restent immenses pour décrire la biodiversité, en comprendre les dynamiques, le fonctionnement et l’évolution et traduire les résultats de la recherche en actions concrètes et pertinentes pour résoudre la crise environnementale globale.

 

Organisée par le conseil scientifique (CS) de la FRB, ce dialogue a permis à la fois de croiser les regards sur l’histoire de la FRB et ses actions futures, et de débattre sur le fonctionnement actuel de la recherche sur la biodiversité.

Ce temps d’échanges entre chercheurs, partenaires et personnes présentent dans la salle s’est articulé en deux temps :

  • Au regard des grands enjeux de recherche sur la biodiversité, quels sont les atouts de la FRB pour aider à y répondre et quel rôle d’interface doit-elle jouer ?
  • Quelle articulation entre financements publics et privés pour répondre aux enjeux de la recherche sur la biodiversité ?

 

Consultez ci-dessous le compte-rendu de cet après-midi de réflexion.

 

[Tribune] La lutte contre l’érosion de la biodiversité doit être une priorité internationale

Les chercheurs et les acteurs qui, comme nous, travaillent sur la biodiversité saluent l’initiative prise par le président de la République de relancer, à travers la réunion One Planet Summit, la dynamique portée par l’accord de Paris. Au moment où il apparaît clairement que l’objectif de la limite des 1,5 °C ne pourra probablement pas être atteint, mobiliser les ­acteurs économiques pour réduire les pressions humaines responsables du changement climatique et contribuer aux processus d’adaptation constituait un impératif. Les engagements pris par les donateurs, les Etats ou des organismes comme la Banque mondiale vont dans un sens positif, et il est important que la France ait joué ici un rôle majeur.

 

A l’heure où de grands acteurs économiques commencent à se soucier fortement de l’impact de leurs activités sur la biodiversité et alors que le récent appel des 15 000 scientifiques du monde ­entier a rappelé que l’impact croissant des activités humaines compromet notre avenir, on aurait pu souhaiter que ce sommet traite à la fois de la lutte contre le réchauffement climatique et de la lutte contre l’érosion de la biodiversité.

 

A l’image d’une étude qui montre que plus de 75 % de la biomasse des insectes volants a disparu au sein d’espaces pourtant protégés en Allemagne, en vingt-sept ans, les travaux scientifiques récents soulignent tous la gravité des ­atteintes à la biodiversité. Ils montrent également qu’avec une population ­humaine en croissance la situation va empirer fortement sous les effets ­cumulés du changement d’usage des terres – au bénéfice notamment de la production agricole –, de la surexploi­tation des sols, des eaux douces et des ­poissons marins, du braconnage ­de certaines espèces remarquables, de ­l’accroissement des pollutions tant ­chimiques que physiques (plastiques et microplastiques notamment), lumineuses ou sonores, ou encore de la ­dissémination d’espèces exotiques ­envahissantes (…)

 

Accédez à la totalité de la Tribune sur le Monde.fr

Le nouveau conseil scientifique de la FRB

Le conseil scientifique est composé de vingt membres :

 

Le CS de la FRB a pour missions d’orienter les actions de la Fondation, notamment en donnant son avis sur ses grandes orientations qui font l’objet de son plan d’actions pluriannuel. Il s’attache également à conduire certains travaux d’expertise scientifique comme l’exploration des fronts de science et des grands enjeux de connaissance dans le champ de la biodiversité. Le programme de travail du CS est défini par ses membres, mais également par les saisines de la direction de la FRB, de ses membres fondateurs ou de ses partenaires. Le conseil scientifique sera amené à travailler en interaction étroite avec le Conseil d’orientation stratégique (Cos) de la FRB sur les besoins de connaissances exprimés par les acteurs de la société, mais également avec le groupe de travail « biodiversité » de l’alliance pour l’environnement (AllEnvi) et avec le conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité (AFB).

 

Date de fin de mandature : 2022

 

Membres actuels du Conseil scientifique

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