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La FRB en action

Programme Scénario #2

Vivre “bien” en 2050 dans son territoire : Quels socio-écosystèmes et quelles places pour la biodiversité ? 

Pourquoi un programme ancré dans les scénarios ?

 

L’érosion de la biodiversité pose avant tout la question de la pérennité des fonctions écosystémiques et des réseaux écologiques, des espèces, des communautés biotiques. En conséquence, la biodiversité est au centre de questions environnementales, de climat et d’énergie, d’agriculture et d’alimentation, de santé, d’eau et de gestion durable des ressources dites « naturelles ». Elle est à la fois symptôme des dégradations de l’environnement et possibilité de réponse face à la crise écologique en améliorant nos relations avec la nature.

 

Outils d’exploration de futurs plausibles, les scénarios, qui ne sont pas des prédictions, permettent de penser les événements passés et à venir. Les scénarios « exploratoires » (exploratory) et/ou « ciblés » de biodiversité (target-seeking), selon la terminologie de l’Ipbes, tentent ainsi d’anticiper les effets de ces dégradations, des solutions. Ce sont des vecteurs de prise de conscience, de connaissances, d’endossement des responsabilités sur des sujets potentiellement difficiles à appréhender. Ils sont précieux pour développer des capacités d’anticipation, de décisions et d’organisation collective.

 

 

Pourquoi intégrer la diversité des parties prenantes, de leurs valeurs et conceptions de monde ?

 

Or, pour concevoir et agir, les acteurs expriment le besoin d’une idée des futurs « possibles » voire « souhaitables », ou a contrario « à éviter » et des facteurs conditionnant ces scénarios, afin d’anticiper quelles seront leurs difficultés, les risques auxquels ils devront faire face (par exemple anticiper les pertes de rendements agricoles dus à l’érosion de la biodiversité du sol), mais aussi leurs opportunités (par exemple les bénéfices des aires protégées en termes de santé humaine) et sur quelles forces ils peuvent s’appuyer pour parvenir à changer leur trajectoire vers un futur désirable, dans la logique de leurs valeurs et conceptions de monde.

 

Alors même que la notion de « consensus » peut être questionnée, face à la diversité des parties prenantes, de leurs valeurs, conceptions de monde (voir rapport Ipbes sur les valeurs), les scénarios peuvent aider à construire des réponses et à identifier des solutions, des compromis.

 

 

Quels sont les défis scientifiques et sociétaux à relever ?

 

Beaucoup de résultats de processus participatifs ou de modèles issus de la communauté de recherche restent encore trop disciplinaires et abstraits pour pouvoir percoler jusqu’aux acteurs, permettre un dialogue réciproque entre recherche et action. Il en résulte trois besoins majeurs :

  • Ancrer la construction de ces scénarios avec la société et dans les territoires, en y combinant humains et non-humains. Il s’agit d’associer une diversité de systèmes de connaissances dans des projets incluant des acteurs territoriaux.
  • Définir des scénarios territorialisés et intégrés combinant les enjeux interconnectés d’un territoire (par exemple : biodiversité, climat, transport, énergie, alimentation, etc.).
  • Accompagner la montée en compétence des communautés de recherche sur la production de scénarios et de modèles transdisciplinaires, intégrant les dynamiques et les interactions inhérentes aux socio-écosystèmes.

 

 

Quelles sont les pierres angulaires du programme Scénario #2 pour répondre à ces besoins ?

 

Des politiques et mesures sociétales ambitieuses en termes de changement transformateur aux bénéfices des sociétés et de la biodiversité exigent des scénarios convaincants, appuyés par des modélisations robustes (importance de la validation), de la biodiversité, des non humains, des institutions, des organisations et enjeux socio-économiques.

 

Elles nécessitent aussi de tenir compte de la pluralité des imaginaires, des récits des acteurs,  des valeurs – positives ou négatives pour la biodiversité -, ainsi que des représentations des interactions entre les humains et la biodiversité, de l’espace vecteur des relations entre imaginaires, récits et représentations, avec la biodiversité, les non humains, les institutions, etc.

 

Le programme Scénario #2 repose donc sur trois de piliers en interaction :

  • les mises en art pour saisir les imaginaires, coconstruire des recherches et traduire des résultats scientifiques. ;
  • les cartes cognitives pour saisir et représenter les visions plurielles, et expliciter les dynamiques à l’œuvre dans des socio-écosystèmes complexes. ;
  • la modélisation pour matérialiser les trajectoires, des humains et des non humains, en interaction, et selon différents récits, cartes cognitives.

 

Le programme Scénario #2 vise à traiter les intersections de ce schéma, et dans l’idéal, la partie conjointe aux trois piliers.

 

Mises en arts

Les mises en arts procèdent d’une “traduction” des objets, sujets, concepts, etc. auxquels elles s’intéressent. Elles constituent alors une médiation entre des questions ou des résultats scientifiques et favorisent leur compréhension au-delà des cercles académiques. Elles peuvent aussi dépasser la matérialité, les contours, le périmètre scientifique, faisant alors émerger, au-delà du “génie” de l’artiste, une nouvelle réflexion, de nouvelles pistes de recherche qui peuvent allier chercheurs, acteurs et artistes.

Par leurs formes très variées, allant des narratifs aux choix architecturaux et paysagers en passant par les arts vivants (théâtre, danse, chant, etc.), les mises en arts permettent ainsi d’exprimer ou de saisir les imaginaires (et les récits qui les accompagnent) impliquant la biodiversité. Ces imaginaires sont divers : croissance verte, éco-modernisme, décroissance, ré-ensauvagement, solutions fondées sur la nature, multifonctionnalité des paysages, durabilité fondée sur les sciences et les technologies, etc. Ces imaginaires caractérisent des visions collectives, parfois institutionnellement stabilisées, et développent des trajectoires de transitions alternatives susceptibles d’exprimer le champ des possibles que seul l’expression artistique peut transmettre.

Or, pour que les acteurs se saisissent des enjeux biodiversité et entreprennent des actions difficiles mais permettant d’atténuer leurs impacts, il est nécessaire qu’ils puissent se projeter dans un futur compatible avec un avenir vivable, voire souhaitable. Imaginer de tels avenirs, possiblement anxiogènes par leur caractère radical, en tenant compte des interactions avec les autres acteurs, constitue l’enjeu de ces expressions et des récits qui les accompagnent. Les mises en arts de trajectoires néfastes ont aussi leur place, ne serait-ce que par leurs effets “repoussoir”, informant ainsi les acteurs : elles interpellent, soulignent l’urgence, les risques et coûts associés à l’inaction, ou bien explicitent les synergies entre les facteurs de détérioration et le caractère systémique de certains fonctionnements.

Une bonne gestion des “communs” exige aussi une mise en regard de la pluralité des trajectoires exprimées et la possibilité de récits partagés.
Ce volet mettra en relation des chercheurs, des acteurs locaux et des artistes, chacune des communautés pouvant être mobilisée dans les deux autres piliers.

Cartes cognitives

Chacun a des conceptions du monde, des représentations, des relations sciences-biodiversité qui mettent en jeu notre histoire individuelle, notre imagination, nos références. Elles déterminent, notamment pour les acteurs, leurs actes, décisions. Les scénarios peuvent ainsi être très divers, en termes de finalités ou en termes de chemins. Les cartes cognitives aident à décrire ces représentations, à identifier le pluralisme des valeurs, la manière dont ces valeurs sont associées à diverses représentations et modèles scientifiques. Celles-ci doivent surtout conduire à les comparer, étudier leur (co-) évolution, identifier des verrous en proposant un mécanisme d’inférence qui permet d’évaluer l’influence entre deux concepts d’une carte. Enfin, elles permettent à la fois de mettre en évidence les différences entre l’avenir construit (par les actions de l’acteur) et l’avenir désiré (par l’acteur, la société), et de faire prendre conscience des contradictions ou oppositions entre ce qui est fait et ce qui est souhaité. Les cartes cognitives peuvent être utilisées comme outil d’aide à la décision.
Les cartes cognitives, de façon plus générale, permettent de combiner les états actuels, les projections tendancielles en fonction des données disponibles et doivent intégrer les projections mentales des acteurs, la diversité des enjeux territoriaux. Elles seront, avec les récits, un support d’échanges. Leur diversité est essentielle, notamment pour identifier des points de convergence (possiblement levier) et des points de divergence.
De tels états des lieux, dynamiques doivent conduire à de nouveaux échanges, afin que soit (ré)-examiné le rôle des scientifiques, des décideurs, de l’opinion publique, des médias, des mouvements sociaux, …dans la décision collective en interagissant/intégrant (avec) les cartes cognitives.

Modélisation

La modélisation, quantitative et/ou qualitative, des mécanismes et des interactions régissant la dynamique de la biodiversité est fondamentale pour intégrer les non humains alors que leur réification dans les récits et cartes cognitives peut leur donner une place marginale, et/ou idéalisée.
En amont de l’évaluation des conséquences de chaque scénario, les enjeux de la modélisation sont :
De hiérarchiser les pressions directes et indirectes qui pèsent sur la biodiversité, selon les pratiques humaines, leurs interactions, selon les territoires, les entités biodiversité concernées.
D’identifier les réponses de la biodiversité, ses adaptations ; enfin, et surtout, de relier des facteurs, indicateurs, biophysiques aux acteurs, à leurs actions : entreprises, organisations, filières, chaînes de valeur, familles… Elle doit permettre d’analyser les effets systèmes, la manière dont les valeurs, les technologies, l’organisation sociale, interagissent pour déterminer les relations société-biodiversité, le devenir de la biodiversité, identifier “gagnants” et “perdants”, selon les scénarios.
Il s’agit aussi d’identifier les incertitudes et les points de basculement éventuels. Les modélisations aident aussi à identifier certains obstacles conceptuels : relation entre biodiversité et fonctionnement des écosystèmes, formalisations de l’écologie spatiale, caractérisations de la multifonctionnalité des paysages…

 

Quels sont les résultats attendus du programme Scénario #2 en termes de dynamique de la biodiversité ?

 

Le programme Scénario #2 permettra d’établir des scénarios territorialisés, construits avec et pour les acteurs, utiles pour nourrir l’action vers des transitions écologique et sociétale.

 

Le programme Scénario #2 contribuera alors à répondre aux trois défis scientifiques et sociétaux identifiés. Par la mise en relation des trois piliers, il contribuera ainsi à :

  • Explorer scientifiquement la complexité de la biodiversité en intégrant un ensemble d’hypothèses cohérentes quant à la nature des forces et entités présentes, à leurs dynamiques, à leurs interactions et à leurs résultats au sein des socio-écosystèmes à plus ou moins proche échéance. Le programme doit permettre d’explorer les incertitudes associées aux systèmes complexes, faciliter leur prise en compte, examiner les effets de différentes mesures. 
  • Aller vers une appropriation partagée des enjeux biodiversité entre acteurs en éclairant les tensions, les antagonismes ou les convergences entre des intérêts, des conceptions du monde et les effets sur la biodiversité et les socio-écosystèmes. Le programme doit particulièrement mettre au jour des capacités d’adaptation, de nouvelles politiques publiques et des mesures sociétales plus écologiques. 
  • Identifier et de hiérarchiser des mesures leviers sur les territoires aptes à engager un changement transformateur des dynamiques sociétales actuelles, à même de faire évoluer les logiques (de type business as usual ou sectorielle avec des effets pervers) affectant la biodiversité. La formalisation de scénarios territoriaux semble être un moyen majeur pour construire des mesures leviers adaptées aux contextes socio-environnementaux locaux.

 

La mise en relation des trois piliers pour nourrir l’action constitue également un défi scientifique et méthodologique. De plus, chaque pilier emporte des questions spécifiques (par exemple : mieux utiliser concrètement les cartes cognitives dans la prise de décision, améliorer la prise en compte des aspects sociaux / sociétaux dans les modèles…). Le programme doit ainsi permettre des avancées conceptuelles et méthodologiques dans le champ des recherches inter- et trans- disciplinaires.

 

 

Qui sont les bénéficiaires du programme Scénario #2 ?

 

L’enjeu transdisciplinaire du programme Scénario #2 est fondamental pour contribuer à l’étude des relations science-société, à enraciner scientifiquement les scénarios et les imaginaires des acteurs.

 

  • D’une part il doit aider les communautés scientifiques – pluridisciplinaires – à mieux se situer au sein des réseaux, systèmes, des relations science-société et accompagner la montée en compétence des équipes de recherche. 
  • D’autre part, il doit permettre aux acteurs territoriaux – de toute nature – de renforcer leurs capacités en matière de prise de décision, à tenir compte de l’incertitude dans des systèmes complexes, à s’adapter et à transformer les pratiques et institutions, à anticiper la brutalité et la rapidité des changements globaux à venir, minimiser leurs risques.

 

 

Comment est mis en œuvre le programme Scénario #2 ?

 

La mise en œuvre du programme Scénario #2 repose, elle, sur une série d’actions :

  • Des rencontres entre communautés de recherche intéressées afin d’informer sur le programme Scénario, faciliter les connexions entre chercheurs et l’émergence de réseaux collaboratifs pour le développement participatif de scénarios, identifier des questions de recherche d’intérêt.
  • Le soutien financier à des projets de recherche transdisciplinaire pour établir des scénarios territoriaux autour de la question « Comment vivre « bien » en 2050 dans son territoire et quelles places pour la biodiversité, quels types de socio-écosystèmes, dans ce devenir ? ». 
  • Des ateliers scientifiques collaboratifs afin de partager les expériences, les méthodes, les fronts de sciences.

 

La gouvernance s’articule autour d’un Comité d’orientation du programme qui assure la pertinence sociétale du programme et d’un Comité scientifique du programme assure la qualité scientifique du programme, tous deux ancrés dans les instances de gouvernance de la FRB.  Un Bureau, intégrant des membres de ces deux comités et de la FRB, pilote le programme Scénario #2.

Gouvernance

Le Comité d’orientation est composé d’acteurs représentant divers secteurs en prise avec les territoires (en cours de constitution).

 

  • Pierre Boivin, Union nationale des centres permanents d’initiatives pour l’environnement
  • Lucien Bollotte, Laboratoire d’initiatives foncières et territoriales innovantes (Lifti)
  • Michel Busch, Confédération paysanne
  • Claude Fromageot, Respect Océan
  • Benoît Galaup, Entreprises pour l’environnement (Epe)
  • Lisa Garnier et Maxime Schemidt, Réseau de transport d’électricité (RTE)
  • Rémi Luglia, Société nationale de protection de la nature (SNPN)
  • Thomas Merzi, Total Energies
  • Isabelle Moussaoui, EDF
  • Nadia Proia, Grand port maritime de la Guadeloupe
  • Isabelle Vial, Office français de la biodiversité (OFB)

 

Le Comité scientifique est composé d’experts académiques disposant d’une expertise dans un des piliers du programme Scénario #2 et/ou le développement de scénarios (en cours de constitution).

 

  • Cécile Albert, CNRS
  • Adeline Barnaud, IRD
  • Pierre Bommel, Cirad
  • Catherine Larrère, émérite Sorbonne-Université
  • Vanessa Léa, CNRS
  • Raphaël Mathevet, CNRS
  • Léa Mosconi, associée à l’École nationale d’architecture Paris-Val de Seine
  • Sandrine Paillard, Future Earth
  • Olivier Ragueneau, CNRS
  • Juliette Young, INRAE

Un exemple de projets

Les projets soutenus dans le cadre du programme visent à établir des scénarios territoriaux autour de la question « Comment vivre « bien » en 2050 dans son territoire et quelles places pour la biodiversité, quels types de socio-écosystèmes, dans ce devenir ? ». Ils nécessitent de baser leur approche sur les multiples visions et valeurs des acteurs, de traiter plusieurs enjeux, d’intégrer les dynamiques de biodiversité et au sein des socio-écosystèmes, de mettre en lien les piliers (deux à deux ou les trois).

Une/des équipe/s de recherche construit/sent un/des projet/s en concertation avec des acteurs territoriaux – l’échelle du territoire et les enjeux interconnectés à prendre en compte étant définis par ce collectif – puis collecte les récits porteurs de visions et de valeurs. Ceux-ci sont « traduits » en représentations du fonctionnement du socio-écosystème sous forme de cartes cognitives. Plusieurs cartes peuvent être construites selon la diversité et le contraste des visions. En s’appuyant sur les cartes cognitives, des modèles, ancrés sur les dynamiques territoriales et de biodiversité, sont élaborés ou améliorés. En retour, des acteurs peuvent mettre en récit, avec une valence artistique par exemple, des cartes cognitives voire des modèles.

Quelques exemples de thématiques qui peuvent être explorées via le programme Scénario #2

Notamment à la lumière de l’expérience de la FRB, de Biodiversa, les thématiques explorées dans les projets du programme Scénario #2 peuvent concerner…

 

  • Les représentations et valeurs associées à la biodiversité, aux écosystèmes, aux dynamiques associées, aux relations humaines – non-humains. 
  • Les dissensus, controverses ou points de levier communs vers les changements transformateurs. 
  • Innovations (conceptuelles, méthodologiques, de gouvernance, techniques…) pour les transitions ou les révolutions. 
  • Les solutions fondées sur la nature ou solution basées sur les écosystèmes, les liens entre ces solutions et les solutions climatiques fondées sur la nature. 
  • Les services écosystémiques ou contributions de la nature aux personnes, les dyservices. 
  • La planification écologique territoriale.
Contact FRB

Aurélie Delavaud

FicheMail

Les 3 piliers
ouvrir/fermer Les récits

Pilote
Catherine Larrère, professeure émérite à Sorbonne Université

 

Co-pilote FRB
Hélène Soubelet, directrice générale de la FRB

 

Participant·es
Martin Plancke (FRB), Robin Almansa (FRB)

 

ouvrir/fermer Les cartes cognitives

Pilote
Juliette Young, directrice de recherche à Inrae

 

Co-pilote FRB
Cécile Jacques (FRB)

 

Participant·e·s
Charlotte Navarro (FRB)

 

ouvrir/fermer La modélisation

Pilote
Cécile Albert, chargée de recherche au CNRS-Inee

 

Co-pilote FRB
Denis Couvet, président de la FRB

 

Participant·e·s
Robin Goffaux (FRB), Matthias Gaboriau (FRB)