La méthode d’évaluation développée par la FRB a été éprouvée par l’analyse du potentiel levier des mesures du premier volet de la SNB3, version pré-COP15.
Quatre des cinq axes et leurs mesures ont été analysés. L’axe 4 concernant la mise en œuvre de la stratégie sera complété dans le second volet : il n’a donc pas été évalué.
- Étape 1 | Définition de 15 critères d’analyse par le Conseil scientifique de la FRB
- Étape 2 | Analyse individuelle des mesures. Cette étape a permis de constituer des fiches consensuelles d’évaluation scientifique pour chacune des mesures, disponibles dans le document.
- Étape 3 | Interclassement des mesures entre elles, au sein d’un même axe, afin d’identifier les forces et les faiblesses de chacune d’elles et de mettre en lumière ce qui pourrait, pour chaque mesure, être amélioré. Pour cette étape, deux groupes ont été constitués (l’un avec des représentant du Conseil d’orientation stratégique de la Fondation ; l’autre avec des scientifiques) dans le but de confronter hiérarchisation sociétale et hiérarchisation scientifique.
Retrouvez le détail de cette méthode dans le document annexe “Méthode d’évaluation des stratégies en faveur de la biodiversité : Analyse de la capacité à initier un changement transformateur – Application au premier volet de la troisième Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB3)”.
Messages-clés
Il ressort de l’étude que la stratégie publiée en 2022 affiche une pertinence élevée dans ses objectifs (titres et axes). Sa structure est également intéressante puisqu’elle identifie bien les domaines sur lesquels faire levier, à savoir les activités humaines et notamment l’agriculture, l’éducation, les activités économiques, la finance. Toutefois, l’évaluation conclut que le contenu des mesures nécessite d’être affiné, mieux documenté, explicité pour réussir à engager un véritable changement transformateur. La stratégie mériterait d’exprimer un niveau d’ambition plus élevé et d’indiquer concrètement les nouvelles directions à prendre.
Huit constats, transversaux aux axes analysés, sont également détaillés dans le rapport :
1 | Les mesures dessinent un maillage incomplet des pressions, territoires, écosystèmes, cibles et acteurs.
2 | Le texte des mesures, tel que rédigé, ne permet pas de percevoir la dimension systémique des enjeux, des causes, solutions possibles et des interactions entre humains – non-humains, entre activités humaines, entre climat et biodiversité, etc. ; et distingue mal l’essentiel de l’anecdotique.
3 | La nécessité d’éviter les impacts, dans une réflexion précoce et en conjonction avec la planification écologique des territoires, gagnerait à être rappelée, faute de quoi, la stratégie risque de passer à côté d’un réel levier de diminution des pressions.
4 | La stratégie s’appuie sur une démarche descendante et peu transparente, sans capitaliser sur l’expertise scientifique et les connaissances locales.
5 | La stratégie comporte une forte incertitude quant à sa capacité à réformer, transformer, et sa volonté à engager certains dispositifs pour les rendre réellement efficaces.
6 | Si l’adhésion volontaire à certaines mesures permet d’entrevoir l’engagement d’une grande diversité d’acteurs, cela semble aussi restreindre le spectre du pouvoir transformateur de la stratégie ou le retarder.
7 | La stratégie gagnerait à prendre en compte la dépendance systémique des humains vis-à-vis de la nature.
8 | À faire le choix d’une diminution des ambitions, ou d’une rédaction consensuelles plutôt que d’identifier les “gagnants” et les “perdants” nécessitant d’être accompagnés, le succès de la stratégie risque d’achopper sur le statu quo, et de perdre en efficacité.