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juin 2024  I  Synthèse  I  FRB  I  Biodiversité et infrastructures linéaires

Les loups rendent les routes plus sûres, permettant d’importants bénéfices économiques

Étude réalisée dans le Wisconsin :

Référence de l’article : Raynor, J. L., Grainger, C. A., & Parker, D. P. (2021). Wolves make roadways safer, generating large economic returns to predator conservation. Proceedings of the National Academy of Sciences, 118(22). https://doi.org/10.1073/pnas.2023251118

Synthèse :  Charlotte Navarro

Relecture : Hélène Soubelet

 

Étude réalisée en France :

Référence de l’article : Sèbe, M., Briton, F., & Kinds, A. (2023). Does predation by wolves reduce collisions between ungulates and vehicles in France? Human Dimensions of Wildlife, 28(3), 281–293. https://doi.org/10.1080/10871209.2022.2036391

Synthèse :  Martin Plancke

Relecture : Hélène Soubelet et Pauline Coulomb

Alors que les effets écologiques en cascade résultant de la suppression et de la réintroduction de prédateurs dans un paysage sont de mieux en mieux connus, on sait peu de choses des impacts sur les vies humaines ou les biens matériels.

Les loups rendent les routes plus sûres, permettant d’importants bénéfices économiques Loup gris (Canis lupus) - Par John and Karen Hollingsworth (Cette photo provient du National Digital Library of the United States Fish and Wildlife Service)

Alors que les effets écologiques en cascade résultant de la suppression ou de la réintroduction de prédateurs sont de mieux en mieux connus, on sait peu de choses de leurs impacts sur les vies humaines ou les biens matériels.

 

Une première étude quantifie les effets de la restauration des populations de loups en évaluant leur influence sur les collisions entre les cerfs et les véhicules dans le Wisconsin. Elle montre que, pour un comté moyen, l’arrivée des loups a réduit de 24 % les collisions entre cerfs et véhicules. Un bénéfice économique 63 fois supérieur aux coûts de la prédation sur le bétail par les loups. Ces résultats s’expliquent principalement par une modification du comportement des cerfs plutôt qu’à un déclin de leur population dû à la prédation par les loups. Ce constat corrobore les recherches écologiques qui soulignent le rôle des prédateurs dans la création d’un “paysage de la peur”.

 

Dans cette étude, l’équipe de recherche suggère que les loups atténuent plus les préjudices économiques causés par la surabondance de cerfs que les chasseurs. Les auteurs proposent deux mécanismes, les changements de comportement des proies et la diminution de l’abondance des proies. Ils concluent que la chasse est moins efficace que les loups pour réduire les collisions.

 

Et en France ?

 

En France aussi, la prédation par les loups permet de réduire le nombre de collisions entre les ongulés sauvages et les véhicules. 

 

Une deuxième étude menée cette fois ci en France, estime les bénéfices indirects de la recolonisation des loups en France à travers la réduction des collisions avec les ongulés sauvages. Les auteurs ont ainsi montré que la prédation de 530 loups sur des chevreuils et des sangliers en 2018 pourrait bien avoir permis d’éviter 16 blessés et un tué lors de collisions routières. D’après le scénario principal de l’étude (un taux d’indemnisation de 50 %), cela correspond à plus de 4 millions d’euros de dommages humains et matériels. En fonction d’autres scénarios, cette valeur monétaire pourrait dépasser plus de 10,5 millions d’euros.

 

Cette étude représente la première tentative d’évaluation de la valeur économique des services rendus par les loups à la société française. Les bénéfices attendus devraient théoriquement augmenter si la population de loups augmente et diminuer si cette population se réduit. Aujourd’hui, l’estimation de la population de loup fait état de 1003 individus répartis sur 50 départements (comptage 2023). Un argument supplémentaire pour considérer cette augmentation du nombre de loup comme une réussite de conservation et une opportunité de bénéficier de services rendus par ce prédateur.