#ScienceDurable – Le déploiement de la biologie de la conservation

Apparue au milieu des années 1980, cette jeune science invite à identifier les espèces et les écosystèmes menacés, diagnostiquer les causes de leur déclin, proposer, tester et valider des moyens d’y remédier : « Jusqu’alors, c’était l’affaire de naturalistes passionnés, de gestionnaires d’espaces protégés ou d’ONG, souligne le biologiste de la conservation François Sarrazin. Depuis, les scientifiques les aident à identifier les priorités et améliorer les pratiques de conservation, à comprendre leurs causes de succès et d’échecs. » Là où le gestionnaire s’empare d’une action à une échelle locale, le scientifique peut apporter le recul statistique sur un grand nombre d’opérations et permet d’améliorer les pratiques à une échelle plus globale. 

Les plantes adventices au service de l’agriculture : pourquoi sont-elles essentielles et comment les protéger ?

Longtemps considérées comme de « mauvaises herbes » pour la compétition qu’elles exercent sur les plantes cultivées, les plantes adventices se révèlent être en réalité de grandes alliées dans les écosystèmes agricoles. C’est ce que montre l’étude du projet Disco-Weed publiée le 28 mai 2020 dans Frontiers in Sustainable Food Systems. À partir de données récoltées sur 184 parcelles cultivées de la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre, une plaine céréalière de 450 km² s’étendant autour du centre d’études biologiques de Chizé (CNRS/La Rochelle Université), les chercheurs ont montré que la diversité des plantes adventices, et en particulier les espèces rares, contribuaient à la fourniture simultanée de plusieurs fonctions écologiques (multifonctionnalité). En effet, les plantes adventices favorisent : le contrôle des ravageurs des cultures ; la fertilité du sol et des fonctions associées aux cycles du Carbone, de l’Azote et du Phosphore ; la pollinisation et le nombre d’espèces d’abeilles sauvages, un indicateur de la biodiversité.

 

Dans la seconde étude publiée le 8 juillet 2020 dans Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, les scientifiques ont cherché à comprendre les mécanismes à l’origine du maintien de la diversité de plantes adventices dans les parcelles agricoles pour favoriser leur présence. L’équipe a étudié la flore adventice dans 444 parcelles cultivées de la même Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre. Dans ces différentes parcelles, les chercheurs ont montré que la diversité des adventices est plus importante dans les zones « d’interfaces », situées entre la bordure de parcelle et le premier rang de culture. L’étude montre pour la première fois qu’en plus de leur rôle de refuge pour la diversité de la flore adventice, ces zones non-cultivées agissent comme des ‘corridors’ (milieux reliant fonctionnellement entre eux  des habitats vitaux pour une espèce) entre les différentes parcelles d’un paysage agricole. L’étude montre aussi qu’une plus grande proportion d’agriculture biologique dans le paysage augmente la diversité de plantes adventices dans ces zones d’interfaces, en particulier dans les parcelles en céréales d’hiver. « La diversité des plantes adventices étant essentielle pour la fourniture de multiples fonctions écologiques, une gestion extensive de ces zones est une stratégie pour la préserver dans les paysages agricoles » souligne Sabrina Gaba, chercheuse à l’INRAE, auteure des deux publications et porteuse du projet Disco-Weed. L‘étude met en effet en évidence l’importance de :

  • conserver ces zones d’interfaces ;
  • et favoriser des paysages agricoles diversifiés, incluant des parcelles en agriculture biologique, pour assurer une plus grande diversité de plantes adventices dans les parcelles agricoles et ainsi la fourniture de multiples fonctions écologiques.
 
 

#ScienceDurable – Des loups, des cerfs… et nous

Alors que la biodiversité est en péril sur notre planète, le retour des loups en Amérique du Nord et en Europe, notamment en France, pourrait avoir de quoi réjouir. Pourtant, les médias et l’opinion publique se focalisent sur la mortalité engendrée dans les troupeaux : « Les effets négatifs de la présence des loups, comme le nombre de moutons tués, sont visibles et faciles à attester. Des effets positifs existent, mais ils sont souvent indirects et donc difficiles à mettre en évidence », souligne Jean-Louis Martin1, co-auteur avec Simon Chamaillé-Jammes2 et Donald M. Waller3 d’une synthèse4 inédite sur les enjeux posés par la cohabitation entre cerfs, loups et humains. Cette synthèse s’appuie sur leurs propres travaux et sur les dernières études disponibles. Les chercheurs y alertent sur la nécessité de prendre du recul pour mieux apprécier toute l’étendue des enjeux que pose cette cohabitation.

 

 

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1 Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE – CNRS / Univ. Montpellier / Univ. Paul Valéry Montpellier / EPHE / IRD)

2 Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE – CNRS / Univ. Montpellier / Univ. Paul Valéry Montpellier / EPHE / IRD)

3 Université du Wisconsin

4 Martin et al. 2020 Deer, wolves, and people: costs, benefits and challenges of living together Biol.Reviews

 

 

#ScienceDurable – Sous les tropiques, la lutte biologique peut limiter la déforestation et l’érosion de la biodiversité

Une lutte biologique bien menée en agriculture peut ralentir la déforestation et prévenir la perte de biodiversité. C’est ce que vient de montrer une équipe internationale comprenant des entomologistes, des biologistes de la conservation, des agro-écologistes et des géographes. Les résultats de cette étude ont été publiés dans Communications Biology – Nature.

 

 

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#ScienceDurable – L’écologie « relationnelle » pour repenser les rapports entre l’homme et son environnement

Il est toutefois intéressant de constater que le terme, peu importe son contexte d’utilisation, s’est longtemps ancré dans un même et unique rapport au monde : l’appréhension de ce qui est autre par le seul prisme de la division entre deux mondes, celui de l’humain et celui de la nature. Plusieurs auteurs ont depuis contesté cette posture.

 

Les auteurs de cet article proposent de remettre en perspective ces critiques pour cheminer vers un nouveau champ d’études à explorer dans le domaine de l’écologie. Soit la découverte et les potentialités offertes par l’étude des liens entre l’humain et le non-humain, qu’ils nomment « écologie relationnelle ».

 

 

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