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octobre 2022  I  Synthèse  I  FRB  I  État et tendance

Quels niveaux de référence pour la biomasse des grands herbivores dans le cadre de la restauration écologique ?

Auteure : Hélène Soubelet, directrice de la FRB

Relecteurs : Pauline Coulomb, Responsable du Pôle Communication et valorisation scientifique de la FRB

 

Référence de l’article : Fløjgaard C., Pedersen PBM., Sandom CJ., Svenning JC., Ejrnæs R. (2021). Exploring a natural baseline for large-herbivore biomass in ecological restoration. Journal of Applied Ecology. https://doi.org/10.1111/1365-2664.14047

Les grands herbivores participent aux fonctions et processus écosystémiques clés, mais ont subi des pertes historiques massives. En effet, ils sont soumis à des pressions anthropiques intenses, laissant les écosystèmes actuels avec des faunes considérablement simplifiées par rapport à leur évolution prévisible en absence d’impacts ou avec des impacts faibles.

 

Quels niveaux de référence pour la biomasse des grands herbivores dans le cadre de la restauration écologique ?

Proclamée par les Nations unies, la « décennie de restauration des écosystèmes » 2021-2030 appelle à des objectifs fondés sur des preuves pour restaurer la diversité naturelle et la biomasse des grands herbivores. C’est dans ce cadre que des chercheurs ont analysé les relations consommateur-producteur de biomasse naturelle sur un ensemble de données mondiales dans les zones naturelles.

 

Leurs analyses révèlent que les écosystèmes africains ont généralement une biomasse de grands herbivores beaucoup plus élevée que les écosystèmes du reste de la planète et que les relations consommateur-producteur y sont plus fortes.

 

Pour l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Sud, il n’y a pas de relations significatives entre la productivité primaire nette et la biomasse des grands herbivores, signe de faunes appauvries et considérablement plus faibles que prévu au regard des résultats dans les écosystèmes africains.

 

La restauration écologique et le ré-ensauvagement impliquent la restauration des processus de pâturage naturel. Les résultats indiquent qu’à l’aune de leur productivité primaire, de nombreuses réserves naturelles sont appauvries en biomasse de grands herbivores.

 

Néanmoins, sans références scientifiquement établies, les niveaux naturels de biomasse des grands herbivores sont mal compris et rarement ciblés. Alors que la surexploitation par le pâturage saisonnier du bétail domestique s’intensifie, il est urgent, quoique difficile, de parvenir à un consensus scientifique sur ce niveau de référence.

 

En attendant, les chercheurs de l’étude recommandent de gérer, ou de ré-ensauvager, les pâturages presque naturels sans objectifs de densité prédéfinis en terme de grands herbivores, mais en suivant la disponibilité des ressources naturelles fluctuantes avec une intervention de gestion minimale. La mise en place de sites expérimentaux de ré-ensauvagement avec une gestion réactive des herbivores peut faire progresser notre compréhension des processus, des seuils et niveau de référence relatifs à la densité de pâturage naturel.

 

Pour compléter cette étude, des niveaux de référence sur la densité des carnivores et la productivité primaire nette pourraient utilement compléter cette analyse.

 

La synthèse est disponible dans les ressources téléchargeables ci-dessous. 

 

 

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