Le paradoxe de la productivité : la productivité agricole favorise l’inefficacité du système alimentaire
Référence de l’article : Benton, T. G., Bailey, R. (2019). The paradox of productivity: agricultural productivity promotes food system inefficiency. Global Sustainability 2, e6, 1 –8. https://doi.org/10.1017/sus.2019.3
Synthèse par Hélène Soubelet, directrice de la FRB
Relecture par Cécile Jacques, chargée de mission au sein du pôle Partenariats science-société de la FRB
Depuis la reconstruction économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, l’objectif principal de la politique alimentaire a été d’augmenter la productivité agricole et de libéraliser des marchés permettant aujourd’hui un commerce mondialisé. Cette orientation a conduit à une croissance significative de l’offre de produits agricoles, à davantage de calories disponibles et à une baisse des prix.
Dans cet article, les auteurs émettent l’hypothèse que la recherche de la seule productivité agricole encourage l’externalisation des coûts sur la santé et l’environnement et, au lieu de fournir des biens publics, représente sans doute une défaillance du marché. Par exemple, la disponibilité de calories moins chères génère des régimes alimentaires créant de l’obésité, et la concurrence mondiale favorise les producteurs qui peuvent produire le plus à moindre coût, généralement avec des dommages environnementaux. Les auteurs proposent alors de recentrer la productivité et l’efficacité globales du système alimentaire sur le nombre de personnes qui peuvent être nourries sainement et durablement par unité d’intrant et non plus sur les seuls rendements.
Mettre l’accent sur l’efficacité globale du système alimentaire offre un moyen clair de réduire les défaillances du marché, d’améliorer santé et durabilité.