Biodiversité ! L’Océan, demain.

 

La revue Biodiversité ! poursuit son exploration des liens entre l’humain et l’ensemble du vivant. Après deux premiers volumes, ce troisième opus paraît autour d’un thème essentiel et urgent : l’avenir de l’Océan.

 

Disponible dès aujourd’hui en précommande, ce nouveau numéro propose un regard croisé entre scientifiques, explorateurs, anthropologues et artistes pour repenser notre rapport à l’Océan, non plus comme une ressource, mais comme un partenaire vivant et fragile.

 

 

 

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Dans un monde marin en pleine mutation, où la montée des eaux, l’acidification, l’effondrement des espèces et les pollutions multiples menacent les équilibres planétaires, une chose devient claire : il ne suffit plus d’alerter. Il faut désormais imaginer. Imaginer de nouveaux récits, de nouvelles alliances, de nouvelles manières de coexister. Les voix réunies dans ces pages — scientifiques, artistes, explorateurs, mais aussi celles que nous avons choisies de prêter aux animaux marins eux-mêmes — convergent vers une même intuition :

 

 

Pour préserver l’Océan, nous devons d’abord changer notre manière de le voir. Sortir du prisme de l’utilité, renouer avec l’émerveillement, accepter de ne pas tout comprendre, reconnaître l’altérité du vivant.

 

 

 

 

· S O M M A I R E · 

 

Edito · Partie 1. L’océan pour la Nature – Entretien avec François Sarano, océaonographe – Qui sont les “mal aimés” de l’Océan ? – Réveiller l’empathie pour les océans : un enjeu pour l’avenir de la planète – Réduire les collisions avec les baleines : une urgence environnementale inspirée du ciel · Partie 2. L’océan comme culture – Entretien avec Frédérique Chlous – Rahui : quand une pratique ancestrale polynésienne protège l’océan – Requins et communautés locales : une alliance pour préserver les océans – Les Haenyeo de Jeju : gardiennes de la mer, héritières d’un monde durable · Partie 3. L’océan pour la société – Entretien avec Céline Liret, directrice scientifique et culturelle et conservatrice d’Océanopolis – Changement climatique et pêche : quelles perspectives pour la biodiversité marine ? – Comment rendre les initiatives côtières plus équitables et résilientes face aux défis climatiques – L’observation des cétacés en Méditerranée : une activité sous haute surveillance · Récit : “Le rêve de l’albatros”.
 

 

 

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À travers les paroles de François Sarano, Frédérique Chlous, Céline Liret et Tamatoa Bambridge, nous esquissons une carte sensible de l’Océan du futur, un futur où il ne s’agit plus seulement de préserver, mais de prendre soin. Un futur où la biodiversité n’est pas un stock, mais une relation. Un futur, enfin, où l’Océan redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un bien commun, une mémoire vivante, une promesse partagée.

 

 

 

 

 

 

· C H E R C H E U S E S  &  C H E R C H E U R S  · 

 

Tamatoa Bambridge, anthropologue et directeur de recherche au Criobe · Céline Liret, docteure en océanologie biologique, directrice scientifique à Océanopolis · François Sarano, docteur en océanographie, plongeur professionnel, ancien conseiller scientifique du Commandant Cousteau et cofondateur de l’association Longitude 181 · Frédérique Chlous, professeure d’anthropologie, directrice générale déléguée à la recherche, l’expertise, la valorisation, l’Enseignement au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) · Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB)

 

 

 

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La revue Biodiversité !

En présentant différentes publications de la Fondation, Biodiversité ! valorise le rôle clé de la recherche dans la construction d’un monde plus durable et présente des leviers et des recommandations, issus de différents résultats de la recherche française, susceptibles de favoriser ce changement si important pour enrayer le déclin de la biodiversité.

 

 

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VOLUME 3

 

Et si nous repensions notre rapport à l’Océan ? Non plus comme à une ressource inépuisable à exploiter, mais comme à un partenaire vivant, précieux et vulnérable ? L’Océan n’est pas qu’un vaste réservoir de solutions pour le climat, la santé ou l’alimentation. Il est un monde en soi, aux équilibres complexes, une matrice du vivant dont dépendent nos vies. C’est à cette prise de conscience que Biodiversité ! souhaite contribuer. Acheter le volume

 

 

VOLUME 2

 

À travers divers contextes pour la biodiversité, utilisation durable, conservation de la biodiversité, protection et restauration, la revue montre la manière dont les valeurs de la nature, leur diversité, sont embarquées dans nos vies, ouvrant de nouvelles perspectives. Acheter le volume

 

 

VOLUME 1

 

Avec ce premier volume, découvrez les solutions fondées sur la nature proposées par la recherche pour atténuer le déclin de la biodiversité et le réchauffement climatique. Privilégier des aires marines protégées de façon stratégique ou étudier de près le microbiome des arbres sont autant de pistes scientifiques à lire dans cette nouvelle revue. Acheter le volume

 

 

En proposant une série d’articles, de portraits et de regards accessibles au plus grand nombre la Fondation saisit une nouvelle fois l’occasion de donner plus de place à la connaissance scientifique dans le débat public.

 

 

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Les îles : joyaux de biodiversité en péril

La théorie de l’évolution a fait ses premiers pas sur une île – et ce n’est pas un hasard. En 1835, lors de son voyage aux Galápagos, Charles Darwin observe des pinsons avec attention. Ce sont les différences dans la forme de leur bec d’une île à l’autre qui le mettront sur la piste des mécanismes évolutifs (lire la clé pour comprendre sur l’évolution darwinienne).

Les îles sont de véritables joyaux de biodiversité. Leur isolement géographique, combiné à des conditions écologiques particulières, favorise l’émergence d’espèces uniques, souvent endémiques. C’est pourquoi, bien qu’elles ne représentent que 7 % des terres émergées, les îles abritent près de 20 % de la biodiversité mondiale. Cette richesse est également d’une très grande vulnérabilité : les trois-quarts des extinctions contemporaines enregistrées ont eu lieu sur des îles.

 

 

Pourcentages clefs de comparaisons entre les îles (bleu) et les continents (vert). Détail des sources dans Fernández-Palacios et al. 2021.

 

 

Ce contraste entre biodiversité exceptionnelle et vulnérabilité extrême est précisément ce qu’explore le groupe FRB-Cesab Rivage, qui propose un cadre spécifique d’évaluation des milieux insulaires (Bellard et al. 2025). Mais avant d’y revenir en détail, prenons le temps de comprendre : Alors, comment ces îles si riches en vie peuvent-elles être si fragiles ?

L’extraordinaire biodiversité des îles s’explique par leur isolement, mais c’est précisément cette particularité qui rend leurs écosystèmes fragiles. On parle ainsi du « syndrome des îles ». De nombreuses espèces insulaires ont évolué dans des environnements dépourvus de certains prédateurs ou compétiteurs, ce qui les a conduites à perdre des défenses devenues inutiles (on peut penser au fameux dodo de l’île Maurice ou encore au cagou de Nouvelle-Calédonie, qui sont des oiseaux ayant perdu la capacité de voler).

Qui dit petits territoires dit également petites populations, ce qui limite fortement la diversité génétique et donc la capacité d’adaptation face aux perturbations. Enfin, un environnement isolé implique une mobilité réduite. En cas de menace, les individus ne peuvent pas fuir vers d’autres territoires plus accueillants.

 

Dodo de l’île Maurice (éteint) et cagou de Nouvelle-Calédonie (statut UICN en danger). © Violette Silve.

 

 

À cette vulnérabilité intrinsèque s’ajoutent des pressions extérieures qui s’intensifient :

  • Le changement climatique, incluant la hausse globale des températures mais aussi la montée du niveau des mers, problématique particulièrement importante pour les îles,
  • Les changements d’usage des terres — qu’il s’agisse d’urbanisation, d’agriculture intensive ou d’exploitation touristique — qui réduisent et fragmentent encore davantage les habitats disponibles,
  • L’activité humaine croissante qui se traduit notamment par la surexploitation des ressources ainsi que par la pollution,
  • Et, enfin, l’introduction volontaire ou accidentelle d’espèces venues d’ailleurs. Prédateurs, herbivores ou concurrents, elles bouleversent les équilibres écologiques en s’attaquant à des espèces qui n’ont pas développé ou ont perdu des capacités pour leur « résister » (ce qui fait écho au syndrome des îles évoqué précédemment). On parle alors d’espèces exotiques envahissantes, ou encore d’invasions biologiques.

 

 

Les invasions biologiques : une menace mondiale pour les vertébrés terrestres

Dans une publication préliminaire à la création du groupe FRB-Cesab Rivage (Marino et al. 2024), des scientifiques ont croisé les données sur 1 600 espèces d’animaux terrestres (oiseaux, mammifères et reptiles) avec celles de 304 espèces exotiques envahissantes connues pour leur nuire. Ils estiment qu’au moins 38 % des terres émergées sont déjà concernées par ces invasions — un chiffre probablement sous-estimé, l’étude ne prenant en compte que 10 % des espèces envahissantes recensées dans le monde.

Mais être exposé ne signifie pas forcément être en danger. Pour mieux cerner la situation, les scientifiques ont aussi considéré la sensibilité des espèces natives à cette menace. Cette approche leur a permis de dresser des cartes mondiales de vulnérabilité aux invasions biologiques. Le constat est clair : les îles apparaissent comme les zones les plus fragiles, particulièrement pour les populations d’oiseaux qui y vivent. Les analyses semblent montrer des zones épargnées par les invasions biologiques, mais cela pourrait être dû aux manques de données et d’informations. Un angle mort dans la collecte de données, préoccupant pour la conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale

 

 

 

Pourtant, même si la biodiversité des îles joue un rôle crucial, elle reste largement ignorée dans les évaluations globales, qui se concentrent surtout sur les continents et le climat. Par exemple, dans la Convention sur la diversité biologique (CDB), seule 1 cible sur 23 cite explicitement les îles comme priorité pour la conservation.

Dans ce contexte, il devient urgent de mieux évaluer la vulnérabilité des écosystèmes insulaires. C’est précisément l’objectif du groupe FRB-Cesab Rivage, qui propose dans son premier article un cadre d’évaluation inédit spécifiquement adapté à la biodiversité insulaire (Bellard et al. 2025).

Ce cadre évalue la vulnérabilité selon trois dimensions :

  • L’exposition : à quel point les espèces ou leur environnement sont confrontés aux pressions (par leur intensité, leur ampleur ou leur fréquence),
  • La sensibilité : dans quelle mesure ces espèces réagissent aux pressions en fonction de leurs caractéristiques biologiques et écologiques,
  • La capacité d’adaptation : leur aptitude à s’ajuster aux nouvelles conditions par des changements écologiques rapides. Pour les animaux, la capacité d’adaptation dépend de leur mobilité. Pour les plantes et les organismes fixés, elle se mesure plutôt par leur capacité à se maintenir (avec par exemple une forte fécondité et dispersion des graines). Cette capacité d’adaptation peut aussi dépendre de facteurs extérieurs comme la qualité, la disponibilité, la protection ou le degré d’accessibilité de l’habitat.

La vulnérabilité globale de la biodiversité peut ainsi être définie comme la somme de l’exposition et de la sensibilité, à laquelle on soustrait la capacité d’adaptation des espèces.

 

Contrairement à d’autres approches qui considèrent souvent une seule pression à la fois (le plus souvent le changement climatique, ou plus récemment les invasions biologiques avec l’article de Marino et al. 2024), le cadre proposé par Rivage intègre plusieurs pressions simultanément, en incluant leur intensité et leur ampleur, tout en tenant compte des caractéristiques propres aux espèces et de leur capacité d’adaptation. Cet outil vient ainsi compléter des indicateurs plus globaux, comme le pourcentage d’espèces menacées dans la liste rouge de l’UICN. L’objectif n’est pas de reproduire les mêmes résultats, mais de mettre en évidence les différences entre approches afin d’affiner l’analyse et de guider l’action là où l’urgence est la plus grande. Une comparaison détaillée entre l’indice de Rivage et les indicateurs existants est d’ailleurs présentée dans leur prochain article, accessible dès à présent en preprint (Marino et al. in review).

 

En proposant cet indice adapté aux spécificités des écosystèmes insulaires, les scientifiques du groupe Rivage appellent à agir pour mettre les îles au cœur des priorités.

 

 

 

En savoir plus sur le groupe FRB-Cesab Rivage :

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