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[#Ipbes9] Valeurs associées à la nature et utilisation durable des espèces sauvages : de quoi parle-t-on ?

Le premier volet de cette campagne est consacré à la notion de « valeurs » associées à la nature. En quoi évaluer et partager ces valeurs est un enjeu majeur pour la conservation de la nature et de la biodiversité ? En quoi la durabilité de l’utilisation d’espèces sauvages dépend du contexte culturel, politique et social ?

 

Des questions que viennent interroger et éclairer Virginie Maris (philosophe – CNRS), Florence Pinton (sociologue – AgroParisTech), Catherine Sabinot (ethnoécologue – MNHN), Frédéric Ducarme (philosophe – MNHN) mais aussi Sita Narayanan (Grand port maritime de Guadeloupe), Marika Dumeunier (Noé) et Hélène Leriche (Orée).

 

 

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[FRB-Cesab] Newsletter 6 Cesab – Janvier 2022

UN MOT DE BRUNO FADY, PRÉSIDENT DU COMITÉ SCIENTIFIQUE DU CESAB

 

Il n’est pas inutile de rappeler que le Cesab est une infrastructure de la FRB, un outil unique et original dans le paysage de la recherche en France. Il fait partie de ces rares outils scientifiques qui ont vu le jour dans le monde au cours de ces derniers 30 ans, sur la base du constat de la faible valorisation des données générées, observées et collectées lors des projets à court terme qui financent classiquement la recherche en écologie et biodiversité (Baron et al., 2017). On ne peut que se féliciter de cette décision, au vu de la production scientifique des groupes de travail financés dans le cadre du Cesab, du parcours professionnel des jeunes scientifiques qui ont fait partie et ont souvent été la cheville ouvrière de ces groupes de travail et de la reconnaissance des travaux publiés par de nombreux acteurs privés et institutionnels pour améliorer la protection de la biodiversité (voir “Le Cesab en 2021”). 

 

La pandémie Covid-19 nous a bien montré que les avancées scientifiques ne sont pas le fait d’un individu isolé, d’un génie (méconnu) qui émerge à la faveur d’une crise, mais bien le fait de collectifs, manipulant et analysant des données qui doivent être compilées et vérifiées, re-testant et re-vérifiant des hypothèses et des concepts. Un fait scientifique ne le devient vraiment que lorsqu’il émerge finalement comme une évidence, un consensus (au sens statistique du terme) pour l’ensemble de la communauté scientifique. À l’heure où la démarche scientifique et ses résultats sont remis en question par une partie de la société, et au-delà d’une (re)mise en valeur pertinente pour sa discipline scientifique des données, des concepts et leur analyse, le rôle du Cesab, et sa légitimité du fait de son mode de fonctionnement, est de diffuser des faits scientifiques permettant de mieux comprendre et protéger la biodiversité. 

 

Après deux mandats comme président du comité scientifique du Cesab, il est temps pour moi de passer la main. J’aurais bien volontiers prolongé mon mandat plus longtemps tant le dynamisme du Cesab est fort, me faisant un peu penser à l’état d’esprit enthousiaste qui régnait lors de sa création il y a maintenant plus de 10 ans. Mais, fort heureusement d’ailleurs, nos statuts ne le permettent pas et un nouveau comité scientifique verra le jour en 2022. 

 

Le Cesab est maintenant une institution française, largement reconnue. Les scientifiques travaillant dans le domaine de l’écologie et de la biodiversité ne s’y trompent pas, ils postulent chaque année en plus grand nombre aux appels à projets de groupes de travail Cesab de la FRB. En guise de vœux, je souhaite que les membres fondateurs de la FRB, les pouvoirs publics français et les acteurs de la biodiversité continuent à soutenir activement le Cesab, finançant au minimum plusieurs groupes de travail par an et la structure elle-même. Avec les engagements réaffirmés de la France pour la protection de la biodiversité lors du Congrès mondial de la nature de Marseille en septembre 2021, je ne doute pas que ce sera le cas. 

 

Bonne année à tous, bienvenue au nouveau comité scientifique et longue vie au Cesab.  

Bruno Fady

 

 

Plus d'informations sur le Cesab

 

Allain Bougrain Dubourg et Claude Fromageot à la tête du Cos, qui sont-ils ?

 

À la tête du Conseil d’orientation stratégique de la FRB, c’est Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui a été ré-élu en tant que président. Claude Fromageot, directeur Développement responsable au sein du Groupe Rocher, a quant à lui été élu à ses côtés à la vice-présidence du Cos. Il prend ainsi la suite de Jean-François Lesigne, RTE, que nous remercions d’ailleurs chaleureusement pour son implication ses dernières années.  

 

Découvrez ci-dessous qui ils sont et leurs ambitions pour cette mandature, bonne lecture !

 

 

 

Allain Bougrain Dubourg, Claude Fromageot, s’il y a trois choses que l’on devait savoir sur vous, ce serait…

 

Allain Bougrain Dubourg – Comme Darwin, je pense que si la loi du plus fort existe, celle de la solidarité reste essentielle. Comme Victor Hugo, je pense que le beau est plus utile que l’utile. Comme Saint Augustin, je pense que l’on perd moins à se perdre dans sa passion qu’à perdre sa passion. Pour le reste, je suis comme tout le monde.

 

Claude Fromageot – Sans doute vous est-il utile de mieux appréhender votre vice président : je peux vous dire que les dimensions sociologiques, philosophiques et poétiques, bref les sciences humaines me stimulent pour compléter l’approche scientifique. Inspiré et formé par exemple par Edgar Morin, je constate l’immense effort que nous avons collectivement à opérer pour déborder nos spécialités, sans en usurper d’autres bien sûr, pour embarquer et accélérer les consciences et donc l’action de nos contemporains.

 

 

Qu’attendez-vous de votre mandature ?

 

ABD – Elle est un défi auquel nous ne pouvons pas échapper et que nous devons impérativement gagner. Mettre enfin un terme à l’agonie du vivant, stabiliser sa décomposition et planter les racines d’une renaissance. Il n’y a pas si longtemps, nous votions avec prétention une loi de reconquête de la biodiversité. Une loi offrant un nouveau souffle aurait été plus opportun. Quoi qu’il en soit, la France s’est engagée à placer la biodiversité au même niveau que la question climatique. Notre rôle consistera à le rappeler chaque fois que nécessaire. La FRB et son Cos ont le pouvoir d’agir, ils ne se déroberont pas.

 

CF – Les années à venir sont celles de bouleversements socio-éco-écolo-politiques, c’est-à-dire les turbulences inéluctables, jamais encore vues, des conséquences du changement profond de notre planète. Le Cos a plus que jamais une mission d’éclaireur de l’ensemble des parties prenantes. Dans la mesure où il pourra dire d’une voie objective, car scientifique, en le faisant de façon intelligible car saisissant les parties prenantes dans leur propre état de compréhension des choses, le Cos aura une place singulière, forte, unique même. C’est en tous cas ce que j’espère pouvoir à ma mesure contribuer à réaliser.

 

 

Un mot pour les chercheurs ?

 

ABD – Pendant longtemps, vous avez été – d’une certaines manière – condamnés à faire silence. Vous n’avez pas vocation à être des lanceurs d’alerte. Il en va tout autrement aujourd’hui. La société et les décideurs sont en attente de vos recommandations. Le travail de l’Ipbes en fait la démonstration. Non seulement il permet l’état des lieux mais il est force de proposition. Je tiens, au nom du Cos, à vous dire notre admiration pour vos compétences et votre engagement. Ainsi que toute notre reconnaissance. Très sincèrement.

 

CF – Les chercheurs sont plus que jamais essentiels car nous avons collectivement à refuser toutes les formes de « caverne de Platon » : ainsi, les chercheurs associés au Cos ont cette chance de pouvoir rassembler des sciences pour dire la Science et de porter un discours fort et capital car multi-acteurs.

 

Ophélie Ronce et Philippe Billet à la tête du CS, qui sont-ils ?

 

 

À la tête du Conseil scientifique de la FRB, c’est Ophélie Ronce, directrice de recherche à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier, qui a été élu en tant que présidente. Philippe Billet, professeur de droit et directeur de l’Institut de droit de l’environnement (Université Lyon 3), a quant à lui été élu à ses côtés à la vice-présidence du CS. Ils prennent ainsi la suite de François Sarrazin et Sébastien Barot, que nous remercions d’ailleurs chaleureusement pour son implication ses dernières années.  

 

Découvrez ci-dessous qui ils sont et leurs ambitions pour cette mandature, bonne lecture !

 

 

 

 

S’il y a trois choses que l’on devait savoir sur vous, ce serait…

 

Ophélie Ronce –Je travaille à l’interface entre biologie de l’évolution et écologie, avec une expertise spécifique en modélisation. Je m’intéresse en ce moment aux mécanismes d’adaptation aux changements climatiques et aux flux de gènes assistés. Je suis attachée à différentes initiatives collectives visant à faire société et créer des liens au sein de la communauté de recherche sur la biodiversité.

 

Philippe Billet – Professeur de droit, directeur de l’Institut de droit de l’environnement (Université Lyon 3), je travaille depuis une trentaine d’années sur les questions juridiques posées par la protection de l’environnement dans une perspective pluridisciplinaire, convaincu que le décloisonnement des disciplines permet d’explorer pleinement la sienne propre. Il en résulte un enrichissement de méthodologie, une diversité des approches et, partant, une meilleure connaissance d’un objet de recherche commun. Cela passe certainement par un apprivoisement réciproque du vocabulaire, des démarches intellectuelles et des objectifs, que l’ouverture aux autres sciences et une capacité d’écoute ne peuvent que favoriser.

 

 

Qu’attendez-vous de votre mandature ?

 

OR – J’attends, d’un point de vue personnel, de mieux connaître la diversité des acteurs et des projets de recherche sur la biodiversité au niveau national et de m’investir plus profondément dans le dialogue entre recherche et société à propos d’enjeux majeurs dans un monde en crise.

 

PB –Cette mandature doit être l’occasion de renforcer la démarche de consilience qui anime la FRB depuis son origine, ce dialogue des sciences qui permet d’avoir une vision plus systémique de la biodiversité et, ainsi, de renforcer sa connaissance et les moyens à développer en faveur de sa protection.

 

 

Un mot pour les acteurs de la société ? 

 

OR – Les recherches sur la biodiversité sont avant tout pour moi une source de grande joie et d’émerveillement à découvrir le monde vivant et son fonctionnement, qui me paraissent importants à partager le plus largement possible. La recherche est cependant impuissante à résoudre seule la crise de la biodiversité. Je suis convaincue que le dialogue et la co-construction que la FRB cherche à stimuler sont absolument nécessaires pour enfin changer de trajectoire et suis impatiente de participer à ceux-ci.

 

PB – La biodiversité ne doit cependant pas être seulement une préoccupation scientifique. Les chercheurs doivent y sensibiliser les décideurs et les individus, leur donner des outils adaptés pour mieux comprendre les enjeux de sa protection et, surtout, les moyens de la protéger. En faire une préoccupation quotidienne.

 

[Formation] Ouverture des inscriptions pour la formation “Approche théorique pour l’analyse des données sur la biodiversité” – 2022

Cette nouvelle formation de cinq jours, organisée par le Cesab – Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité – de la FRB et le GdR TheoMoDive, a pour objectif de former de jeunes chercheurs et chercheuses aux techniques de modélisation de données écologiques basées sur la théorie.

 

Cette formation sera dispensée en anglais et se déroulera du 16 au 20 mai 2022 dans les locaux du Cesab à Montpellier. Son prix est de 150 € pour la semaine – repas du midi inclus. Les frais de transport, d’hébergement et les repas du soir sont à la charge des participant(e)s. 

 

Les pré-inscriptions se font en remplissant le formulaire disponible sur la page de l’événement et se clôtureront le lundi 14 février, à minuit (CET). Le nombre de places étant limité, les inscriptions seront confirmées en mars.

 

 

Pré-inscription et programme

Meilleurs vœux !

 

voeux2022-VF

 

Pour la FRB, 2022 s’annonce déjà sous le signe de la nouveauté : en termes de plan d’action, mais aussi avec les renouvellements de ses Conseils scientifique (CS) et d’orientation stratégiques (Cos), la création de l’Assemblée des parties prenantes, la préparation d’un nouvel appel blanc, le montage d’un programme Scénario… Nous aurons l’occasion de revenir sur ces sujets tout au long de l’année ! D’ores et déjà, nous remercions toutes celles et ceux qui nous ont accompagnés et ont permis ces initiatives : les membres de notre CA, les présidents et vice-présidents de nos CS et Cos, et chacun des membres de ces différentes instances et de l’équipe FRB, qu’ils poursuivent l’aventure à nos côtés ou soient partis vers d’autres projets tout aussi passionnants.

 

En parallèle de ses actions propres, la FRB va porter une attention particulière à deux sujets qui nous semblent majeurs en 2022 : l’adoption du nouveau cadre mondial pour la biodiversité à l’occasion de la prochaine Cop de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la place de biodiversité dans le débat public, au cœur de la société.

 

 

« Vivre en harmonie avec la nature », l’ambition derrière la 15e Conférence des parties (Cop15) de la CDB

 

Cette 15e Cop revêt une importance particulière car la Convention sur la diversité biologique (CDB) doit renouveler ses objectifs et ses indicateurs, plus de 10 ans après Aichi. L’exercice est passionnant car cette Convention, qui met la biodiversité au centre des préoccupations, est aussi une belle tentative de gouvernance mondiale, avec des préoccupations à la fois éthiques, sociales et matérielles, à travers les trois buts affichés dès 1992 : la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments ainsi que l’accès et le partage des avantages issus de l’utilisation des ressources génétiques.

 

L’ambition de la Cop15 est de parvenir en 2050, selon ses termes, à une « vie en harmonie avec la nature », en posant des jalons à horizon 2030. Quoi qu’ambitieuse, la Convention pose crûment la question de la cohérence de ses objectifs et de ses moyens, de l’équilibre entre les trois buts de 1992, les jalons de 2030 et les objectifs de 2050. Peut-on préserver et restaurer les écosystèmes sans donner les moyens aux pays les plus pauvres de gouverner la biodiversité ? Peut-on réduire les impacts sans se préoccuper de la diversité des territoires des pratiques qui entretiennent la diversité de ces territoires ? Il y a ici des enjeux en termes de recherche très exigeants.

 

Pour accomplir ses ambitions, la CDB range ses objectifs en quatre grands thèmes :

  • préserver l’intégrité des écosystèmes – une notion qui demande à être éclairée par la connaissance et par la recherche ;
  • savoir utiliser durablement les « contributions de la nature aux humains » – aussi appelées « services écosystémiques » ;
  • partager les bénéfices associés aux ressources génétiques ;
  • et enfin réunir les moyens nécessaires à la protection de la biodiversité.

 

Tout au long de l’élaboration du nouveau cadre, la FRB s’est mobilisée afin d’éclairer ces objectifs en termes d’indicateurs. Par la suite, la recherche devra se pencher sur le nécessaire équilibre et la cohérence entre ces quatre thèmes, sur la pertinence des indicateurs, tant biologiques que sociaux, et sur la place de la réduction des pressions directes et indirectes dans les trajectoires de préservation et de restauration de la biodiversité.

 

Soulignons aussi la proposition chinoise de « civilisation écologique » qui constitue un autre enjeu de recherche pour sortir d’une vision qui serait trop occidentale de la biodiversité.

 

C’est d’ailleurs dans ce contexte que se tiendra la prochaine Journée FRB qui questionnera vraisemblablement les articulations entre les instances internationales, les trajectoires proposées et leurs déclinaisons aux niveaux national et local.

 

 

Mettre la biodiversité au cœur du débat public, au cœur de la société

 

Dans les tous prochains mois, les élections présidentielle et législatives constitueront une autre actualité importante en France. La FRB relayera un ensemble de préoccupations auprès des candidats avec pour ambition que les débats n’ignorent pas les questions les plus importantes pour la recherche en biodiversité ! Comment protéger, restaurer, diminuer les pressions sur la biodiversité ? Comment diminuer notre empreinte écologique ? Comment faire société autour d’une vision commune intégrant la diversité biologique au cœur de ses préoccupations, le bien-être et la qualité de vie des humains et des non humains, la préservation des savoirs et le partage des connaissances ? Les notions de « changement de transformateur » et de « mesure levier », dont la FRB s’est fait l’écho lors de sa Journée 2021, semblent particulièrement pertinentes pour éclairer la complexité de ces enjeux. Il sera important pour la recherche de mettre en relation la notion de « mesure levier » avec les propositions lancées dans le débat public et en relation avec les ambitions de la Cop15 et de la Stratégie nationale pour la biodiversité.

 

Toutes ces instances, ces outils, ces initiatives, sont destinés à ce que nous, la société civile comme le monde économique, sachions mieux comprendre, et surtout interagir, avec la biodiversité, que la recherche soit en interaction et en résonance avec les préoccupations sociales, au bénéfice de la biodiversité, de nos sociétés ! Qu’ensemble nous puissions répondre à la question : « Avec quelle nature souhaitons-nous vivre ? »

 

 

Denis Couvet et Hélène Soubelet,
respectivement président et directrice
de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité

 

Et pour l’équipe FRB :
Aurélie Delavaud – Pôle science et communautés de recherche
Agnès Hallosserie – Pôle coordination européenne et internationale
Marjolaine Garnier – Pôle partenariats science-société
Samir Hamdi Sherif – Pôle transversal administration, ressources humaines et finances
Pauline Coulomb – Pôle transversal communication et valorisation scientifique